Fatima, il y a un siècle... une belle dame apparaît à trois bergers

La guerre est partout en Europe, mais à Fatima, tout est différent...
Le dimanche 13 mai 1917 après la messe à Fatima, Lucie, François et Jacinthe regroupent leurs deux troupeaux et cheminent vers la Cova da Iria. Il y a environ trois kilomètres depuis le hameau d’Aljustrel.  Les Dos Santos possèdent un terrain pour y cultiver une parcelle de jardin, et surtout y faire brouter les brebis dans les landes. Les bergers mangent leurs repas et s’agenouillent sous un olivier pour dire leur chapelet car le soleil est au zénith. En haut du versant de la Cova da Iria, Lucie et Jacinthe apportent des pierres à François pour construire le mur d’un abri autour d’un buisson. C’est là qu’ils désirent prier et y faire leurs sacrifices. Et soudain, il y a comme un éclair. Par peur qu’un prompt orage ne les surprenne de derrière la colline, Lucie s‘apprête rapidement à s’en retourner à la maison avec ses cousins, faisant descendre leurs brebis vers la route. Arrivés à la hauteur d’un grand chêne, ils sont rejoints pas un second éclair puissant. Ils scrutent le ciel toujours bleu, et refont quelques pas vers le beau milieu de la cuvette que forme la Cova …

L’apparition
Cette fois ils voient, à leur droite, sur un petit chêne vert, une Dame toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil ! Elle irradie une lumière plus intense qu’un verre de cristal rempli d’eau cristalline. Traversée par les rayons du soleil le plus ardent, les enfants qui se trouvent à environ 1m50, sont immergés dans cette lumière qui émane d’Elle. Mais effrayés par la soudaineté du dernier éclair, ils ont envie de s’enfuir.
Alors elle leur dit :

« N’ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal. - D’où venez-vous, Madame ? demande Lucie. - Je suis du ciel - Et que voulez-Vous de moi ? - Je suis venue vous demander de venir ici pendant six mois consécutifs, le 13, à cette même heure. Ensuite, Je vous dirai qui Je suis et ce que Je veux. Puis, Je reviendrai encore ici une septième fois.  - Et moi aussi j’irai au Ciel ? - Oui, tu iras. - Et Jacinthe ? - Aussi. - Et François ? - L’apparition se tourne vers lui, et le fixe avec bonté dans une compassion maternelle - Aussi, mais il devra réciter beaucoup de chapelets. »

Lucie voulut s’enquérir des deux jeunes filles mortes depuis peu.  

« Est-ce que Maria das Neves est déjà au ciel ? - Oui, elle y est. - Et Amelia ? - Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde.  - Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ? -  Lucie répond pour les trois avec enthousiasme : Oui, nous le voulons. Alors la belle Dame montre à ces enfants innocents combien lui est agréable leur générosité – Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort. »  

En prononçant ses derniers mots, la belle Dame ouvrit les mains qu’Elle tenait jointes jusque là, et par ce geste, communiqua aux enfants comme une lumière intense qui émanait d’Elle et qui pénétra leur cœur jusqu’au plus profond de leur âme. Cette lumière les faisait se voir en Dieu ! C’était plus clair et lumineux qu’un miroir. Par une impulsion intérieure, ils tombèrent à genoux en répétant intérieurement :

« Ô, Très Sainte Trinité, je Vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je Vous aime dans le très Saint Sacrement. » La Dame ajouta : « Récitez le chapelet tous les jours, afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. »  

Puis Elle commença à s’élever doucement, en direction du levant  jusqu’à disparaître. La Lumière qui L’environnait, semblait Lui ouvrir un chemin à travers les astres. L’apparition avait duré environ dix minutes.

Le retour à la réalité du village
François est le premier à voir que les brebis en ont profité pour aller dans le champ d’un voisin. Quels ennuis, ils vont avoir ! Mais en regardant de plus près, les petits bergers s’aperçoivent qu’il n’y a pas de dégâts : « Par bonheur, dira Lucie, on ne voyait aucune vesce mangée. » Les trois n’avaient plus envie de jouer, à cause du grand bonheur de leurs âmes. Cependant, Jacinthe répétait : « Ah ! Quelle belle Dame ! Quelle belle Dame ! » Ils ne cessaient de regarder encore du coté du Levant pour voir le sillage de lumière de la Vierge. Mais Elle avait bien disparu. « Oh ! Quelle était belle cette Dame ! » redit Jacinthe. Alors Lucie s’adresse à sa cousine : « Au moins ne va pas raconter ça à tout le monde ! – Je ne dirai rien ! Je ne dirai rien ! N’aie pas peur ! » En arrivant à Aljustrel, Lucie répète la consigne : « Silence complet, vous entendez ! - Oui, oui, dit François, on se taira. »

Chez les Dos Santos, on soupa, on fit la prière du soir avec un passage de l’Ancien Testament ; puis on alla dormir. Chez les Marto, il en fut autrement. Le soir, Jacinthe alla attendre sa mère sur le chemin, puis elle courut vers elle en la voyant. Se jetant à son cou, elle lui dit : « Petite Maman, aujourd’hui j’ai vu la Sainte Vierge à la Cova da Iria. - Jésus ! que dis-tu là ? Es-tu devenue folle ? - C’est vrai ! - Cà, je ne le crois pas. Tu n’es pas une sainte pour voir la Sainte Vierge ! - Si ! je l’ai vue. François et Lucie l’ont vue aussi. - Tu es une sotte, petite gamine ! » Alors, Jacinthe, triste, lui dit : « Crois-moi, maman ! » Puis une fois à la maison, elle ajouta : « Maman, François et moi, nous allons dire le chapelet ; la Vierge nous l’a recommandé. » Puis un peu plus tard, Jacinthe revint vers sa mère : « Maman, il faut dire le chapelet tous les jours ; la Sainte Vierge le veut. »
Le lendemain matin, Olimpia courut chez sa belle-sœur pour éclaircir les choses. Mais María Rosa ne savait rien. Cette dernière attendra huit jours pour en parler à sa fille, car les gorges chaudes d’Aljustrel commençaient à parler d’illusions et de rêveries. « Ça peut-il être des choses pareilles ? Des gosses comme ça ! De la marmaille ! C’est la faute de la famille ! S’ils y mettaient bon ordre ! Ils n’ont donc pas de bâtons pour faire taire ces faiseurs d’embarras ? » Maria Rosa s’en ouvrit au curé en lui disant : « De tels malheurs n’arrivent qu’à nous ! Oui, cette enfant fait de nous la risée du pays ! Si c’était vrai ! Si c’était vrai ! Mais ça ne peut pas l’être… c’est ma fille qui ment. C’est la première fois, mais je vais lui apprendre à ne pas recommencer. » Et de retour à la maison, elle donna une bonne leçon frappante à sa fille !
Le lendemain, Lucie raconta en larmes à ses cousins qu’elle ne pouvait pas ! François blâma sa sœur : « Tu vois, c’est ta faute. Pourquoi l’as-tu dit ? » Jacinthe baissa la tête en larmes et à genoux demanda pardon : « J’ai mal fait… mais je promets de ne plus rien dire à personne ! » Le soir, Maria Rosa redit à sa fille : « Écoute ; choisis ce que tu voudras. Ou bien tu vas aller détromper les voisins, avouant ton mensonge, ou bien je t’enferme dans un cachot où tu ne verras même pas la lumière du jour. » Et ses sœurs appuyaient leur mère. Lucie s’en fut pleurer toute seule dans un coin, en offrant cela en sacrifice à Dieu, comme Notre Dame le lui avait demandé.
Lucie, qui était l’aînée des bergers, précisera qu’ils avaient bien compris que c’était Notre Dame.  
C’est pourquoi l’apparition ne leur faisait pas peur, mais leur causait plutôt une grande surprise. Les deux éclairs précédaient la parfaite lumière qui émanait d’Elle, mais la dame,  ils La voyaient seulement lorsqu’Elle était au-dessus du chêne vert.

La belle Dame
En 1936, sœur Lucie écrivit à Mgr da Silva évêque de Leiria au sujet de la vision :

« Il me semble que si je savais peindre - sans être capable de peindre telle qu’elle est, puisque c’est impossible et qu’on ne peut même pas la décrire avec des mots de la terre - je mettrais seulement une robe, aussi blanche que possible, et la « mante » tombant du sommet de la tête jusqu’au bas de la robe. Et comme je ne pourrais pas peindre la lumière et la beauté qui l’ornaient, je supprimerais toutes les parures à l’exception d’un mince filet doré sur les bords de la mante. Cet ornement brillait sur le fond de lumière comme si c’eût été un rayon de soleil brillant plus intensément que le reste. Cette comparaison demeure bien en deçà de la réalité, mais je ne sais comment mieux l’exprimer. »  ●

Pierre-Marie de Cérou

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