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Les larmes de Marie à Syracuse

Marie, à Syracuse est venue pleurer sur cette souffrance et a voulu la partager avec chaque homme. Ecoutons ce que veut nous dire le recteur du sanctuaire, Don Luca Saraceno :

Don Luca, vous vivez dans ce beau sanctuaire,
pouvez-vous nous donner quelques explications sur l'histoire de la Madone des larmes ?

Du 29 août au 1er septembre 1953, dans une petite et humble maison de la ville de Syracuse, d'un cadre en céramique représentant le Cœur immaculé de Marie qui se trouvait dans la chambre d'un jeune couple,  Angello et Antonina Lannunso, ont coulé des « larmes humaines ».

Tel fut le jugement émis, au terme d'une étude  longue et circonstanciée d'une commission scientifique qui s'est constituée à la demande de la curie archiépiscopale de Syracuse et d'un bureau d'un organisme d'Etat, le laboratoire provincial d'hygiène.

Des larmes humaines sur le visage de Marie : langage humain d'une sagesse divine. Cet événement a eu un  retentissement immense dans le monde entier : pèlerinages, témoignages, des miracles se sont produits, qui ont été confirmés. Ceci fut aussi filmé part un cinéaste de cette époque : on conserve encore aujourd'hui dans nos archives ces précieux films. L'Eglise s'est prononcée immédiatement sur l’authenticité du miracle : l'évêque, le 12 décembre 1953, le pape Pie XII dans un message adressé à l'Eglise de Sicile, le 17 octobre 1954, et le bienheureux Jean-Paul II, qui est venu à Syracuse en novembre 1994, pour dédicacer la basilique supérieure dédiée à la maternelle intercession de la Vierge Marie des Larmes. A cette occasion, le Saint-Père a défini les larmes de Marie comme « des larmes de douleur, de prière et d'espérance ».

Vous nous avez parlé de larmes de compassion lors de notre visite. Quel est votre point de vue particulièrement sur ce message ?

La compassion est un sentiment qui vient du cœur même de Dieu. Les pages du Nouveau Testament comme de l'Ancien parlent d'un cœur divin rempli de compassion pour l'humanité souffrante, souvent enchaînée et oppressée, avilie, déprimée. Nous croyons que les larmes de Marie sont de claires manifestations du plan même de Dieu qui se réalise dans l'histoire des hommes pour donner consolation et espérance. Les larmes de Marie sont les images  du Père miséricordieux , de la compassion, de l'amour du Fils et des gémissements ineffables de l'Esprit.

2013 sera l'année du 60e anniversaire des larmes de Marie à Syracuse. Vous l'avez appelée, Année de la consolation. 

« La vie du chrétien rencontre l'expérience de la joie et de la souffrance… » (Porta fidei XV) Le jeudi 11 octobre 2012 le pape Benoît XVI a officiellement ouvert l'Année de la foi. Ceci pour célébrer les 50 ans de l'ouverture du concile Vatican II (1962) et les 20 ans de la publication du Catéchisme de l'Eglise catholique (1992). Une Année de la foi, donc, qui comme le rappelle souvent le pape, sera professée, célébrée, vécue et priée.

Une heureuse et harmonieuse coïncidence veut que la communauté du sanctuaire de Syracuse se souvienne justement en cette année du 60e anniversaire des larmes de Marie.

Toute une année qui aura pour thème : La consolation de Dieu par les larmes de Marie : un message de grande espérance pour le monde que nous sentons souvent ballotté dans l'incertitude de la précarité, privé de valeurs sûres et stables et à cours de projets créateurs.

Nous avons l'intention d'alimenter l'espérance en la fondant dans la mémoire d'un événement  local extraordinaire de Syracuse qui a parlé au monde entier. Si Marie pleure, c'est parce qu'elle entend rappeler à tous les hommes, croyants ou non croyants, que pour Dieu nous sommes importants, nous avons du prix à ses yeux : Marie obéit à la Parole de Dieu et désire parler au cœur des hommes avec la Parole de la divine et maternelle consolation versée dans nos cœurs qui manquent de sens et qui errent sur des chemins de solitude.

Par la parole de consolation de Dieu, exprimée d'une manière silencieuse dans le langage du plan de Marie, nous avons  imaginé les « sept dimanches de la consolation », adressés aux hommes qui ont vraiment besoin d'un message d'espérance pour illuminer les ténèbres de la souffrance et ouvrir des horizons d'espérance.

Ainsi  nous voulons témoigner de notre foi en Dieu le Père, le Fils et l'Esprit Saint que nous sommes consolés par Dieu.

Le plan de Marie n'est pas la propriété des croyants : Marie pleure pour l'homme, dans l'intérêt de l'homme, dans son intégralité, pour tout homme qu'importent sa foi ou son appartenance, raison sociale ou provenance politique !  J'espère que ces initiatives seront portées par tous les habitants, et ainsi, chaque pèlerin qui franchit le seuil du sanctuaire se sentira accepté, aimé, encouragé et réconforté.

J'espère que tous pourront se sentir engendrés à une vie de foi dans le plan de Marie, comme nous sommes tous venus à la vie dans les larmes d’une mère.

Enfin, Don Luca, que pouvez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie de venir à Syracuse ?

Un  pèlerinage est toujours une expérience extraordinaire de foi : se mettre en chemin pour rejoindre un lieu où est recueillie la mémoire d'un événement de grâces, c'est accomplir un chemin de foi, idéal et réel. Rejoindre plus particulièrement ce lieu signifie se laisser toucher et baigner par les larmes de Marie, langage éloquent et mystérieux de la consolante miséricorde de Dieu. Ceci signifie en d'autres termes, que  c'est le sanctuaire de toutes les larmes que nous portons dans notre cœur, sachant qu'à la fin des temps, Dieu séchera toutes les larmes sur nos visages. 

 

Lors d’une rencontre avec un journal italien, Don Luca précise :

Dieu choisit la petitesse, la marginalité, l’insignifiance, la pauvreté pour confondre celui qui croit être sage, riche, rassasié et intelligent. Dieu s’est fait enfant, il s’assoit à la table des pécheurs, se laisse essuyer les pieds par une prostituée, touche les lépreux, appelle un collecteur d’impôts à sa suite, meurt crucifié comme un malfaiteur. Les chrétiens qui suivent Jésus ne peuvent pas ne pas accomplir les mêmes choix que leur maître : rester près de celui qui souffre, aimer celui qui n’est aimé de personne, choisir ce que le monde refuse. Dieu, à Syracuse, a choisi de parler au monde entier par le langage éloquent et mystérieux des larmes. Ce sont les mêmes larmes que nous pleurons aujourd’hui : larmes de douleur, d’attente, de préoccupation, d’espérance, de joie, d’amour. Ce sont aussi des larmes qui entendent consoler, accompagner celui qui est seul, enfermé dans sa douleur, désirant donner un sens, une direction à sa vie, les toxicomanes, les parents qui ont perdu prématurément un enfant, les chômeurs, les travailleurs, les enfants malades...

Je dis toujours aux pèlerins : vous n’êtes pas seuls ! Même dans les pires difficultés, vous n’êtes pas seuls ! Notre Dieu est avec nous. Il est le Dieu des relations, aimant la vie, il est le Dieu qui donne de l’espérance dans nos veines fissurées. Les larmes de Marie disent tout l’intérêt du Royaume de Dieu pour nous. Pour Dieu, nous ne sommes pas indifférents, mais nous devons nous décider pour le bien.

Les sanctuaires disséminés dans tous les pays du monde sont des phares qui illuminent les pas incertains des hommes qui cherchent à tâtons dans l’obscurité. Ils sont aussi comme des cliniques de l’Esprit Saint dans lesquelles on peut  faire l’expérience du salut et de la beauté. Ils sont des « tentes de la rencontre » entre Dieu et l’homme. On observe aujourd’hui que partout le flux des pèlerins augmente. L’homme est attiré par le mystère, par la présence d’un espace et d’un temps d’ailleurs.      

 

  Propos recueillis par Guillaume Sorin 
Traduction et participation : P. Benoît Lemieux et Jean-Marie Goubeault