Cœur immaculé de Marie selon l'abbé Berlioux

Le saint cœur de Marie


1. Cœur le plus parfait.
Considérez, que, si c’est pour vous un devoir d’honorer le Cœur sacré de Jésus, siège de toutes les affections et de tous les sentiments de l’Homme-Dieu, il convient aussi de rendre à celui de votre mère un culte de vénération et d’amour. Toute la Très-Sainte Trinité concourut à enrichir ce cœur admirable des dons les plus excellents, des faveurs les plus précieuses. Le Père déploya sa toute-puissance pour en former un cœur de fille, plein de respect et de fidélité envers son créateur. Le Fils en fit un cœur de mère, où il daigna habiter durant neuf mois comme dans un sanctuaire. L’Esprit-Saint en fit un cœur d’épouse pour y célébrer ses noces ineffables. Enfin, par sa fidèle correspondance à la grâce, par la sainteté et l’innocence de sa vie, par la pratique de toutes les vertus, Marie a puissamment contribué à enrichir et à orner son cœur de vertus et de mérites. Qui pourra jamais comprendre toutes les grandeurs, les trésors, les perfections renfermés dans ce vase précieux ! C’est un tabernacle plein de sainteté qu’aucun souffle impur n’a jamais terni ; c’est un jardin orné et bien gardé, où les passions humaines n’ont jamais pu pénétrer. En un mot, c’est un cœur unique, incomparable, parfait. Que j’aime à me représenter les anges descendant du ciel pour venir admirer sur la terre ce cœur immaculé, où se trouvent réunies toutes les perfections que possèdent à divers degrés les bienheureux habitants du céleste séjour !
Si nous rentrons en nous-mêmes, si nous comparons nos cœurs à celui de Marie, notre modèle, qu’ils nous paraîtront imparfaits, pauvres, misérables ! Vases sanctifiés par le baptême, par le corps et le sang de Jésus, ils sont devenus par le péché des sépulcres blanchis, pleins d’ossements au-dedans ! Le prophète nous dit: revenez au cœur. Purifiez-le par la pénitence et ornez-le des grâces et des vertus puisées dans celui de Marie. Cœur de ma mère, parfaitement semblable au Cœur de Jésus, rendez nos cœurs semblables au vôtre !

2. Cœur le plus aimant.
Le cœur de Marie est non-seulement le plus parfait, mais le plus tendre, le plus compatissant, le plus miséricordieux qui soit sorti des mains du Créateur. L’amour qu’il a pour nous surpasse autant tout amour connu, la dignité de Mère de Dieu l’emporte sur tout ce que nous connaissons de grandeur. Car, ce n’est pas seulement un amour tendre, ardent, généreux, héroïque, mais, il faut le dire, c’est un amour excessif et qui semble passer toutes les bornes. Quand Jésus-Christ veut marquer le plus étonnant effet de la charité du Père, il dit qu’il a aimé le monde jusqu’à livrer son Fils unique : Sic dilexit. C’est là ce que le grand apôtre appelle l’excès de l’amour de Dieu pour les hommes. Or, le Cœur de Marie a été capable du même excès ; elle a livré le même Fils unique pour la rédemption du monde : Sic Maria dilexit. Toute la tendresse et toute la sollicitude réunies de toutes les mères pour leurs enfants n’égaleront jamais la tendresse et la sollicitude du Cœur de Marie pour nous. C’est là que le juste trouve la récompense de sa fidélité ; le pécheur, l’indulgence et la miséricorde ; les âmes affligées, la consolation et le soulagement. Quel brasier de charité ! Quelle fournaise d’amour !
Enfants de Marie, qu’il est bon, qu’il est dévoué, le Cœur de notre Mère ! Voyez, il est surmonté d’un faisceau de flammes, symbole de l’amour dont il brûle sans cesse pour nous ; il est ouvert par un glaive de douleur, afin de donner entrée et asile à chacun de nous ; il est ceint d’une couronne de roses dont le parfum embaume notre âme et adoucit tous nos maux. Comment y penser sans répandre des larmes de reconnaissances et sans être rempli d’amour pour cette bonne mère, dont la charité est un océan sans fond et sans rivage !

Exemple : Un saint prêtre de Paris, M. Desgenette, curé de Notre-Dame-des-Victoires, voyait avec une incomparable douleur l’athéisme et le vice désoler sa paroisse. A peine comptait-il dans l’année sept cents communions, sur une population de vingt-cinq mille âmes. Il pensait déjà s’adresser au saint Cœur de Marie, lorsqu’un jour, pendant la messe, il entend une voix mystérieuse qui lui dit : « Consacre ton église et ta paroisse au très-saint Cœur de Marie. » Docile à cette inspiration qu’il croit venir du ciel, il fait son acte de consécration et s’engage à prier pour toutes les brebis égarées d’Israël. Son zèle, sa confiance au Cœur miséricordieux de Marie, ont été couronnés du plus heureux succès. Aujourd’hui, la piété règne au milieu de ses chers enfants ; la foule se presse dans son église autrefois déserte. Vingt mille fidèles y reçoivent le pain eucharistique, et ce nombre augmente chaque année. Il s’opère là tous les jours des prodiges incroyables qui attestent bien haut la toute-puissance et la grande bonté du Cœur immaculé de la Reine du ciel. Les murs de ce sanctuaire sont chargés de splendides ex-voto, attestant quelques-uns des mille bienfaits obtenus. Le nom de Notre-Dame-des-Victoires est connu, invoqué par toute la terre. Son archiconfrérie s’étend partout et compte ses membres par millions. C’est un réseau d’immense charité tendu sur la surface du globe pour enlacer les pécheurs. La petite église de Notre-Dame-des-Victoires est au milieu de Paris comme un phare vers lequel se portent avec confiance les regards de tous les malheureux qui ont quelque plaie à guérir, quelque besoin à soulager, quelque grâce à implorer. Gloire, amour, reconnaissance au Cœur si riche et si miséricordieux de Marie !

Prière : Cœur très-saint de Marie, objet des complaisances de l’adorable Trinité, digne de toute vénération des anges et des hommes ! Cœur maternel, qui avez ressenti si vivement toute nos misères, écoutez nos vœux, exaucez nos prières, enflammez nos cœurs de ce feu céleste dont vous brûlez sans cesse. Nous n’oublierons jamais que vous êtes le Cœur de notre Mère, et vous serez notre aide dans nos besoins, notre soulagement dans nos afflictions, notre refuge à l’heure de la mort, et notre bonheur dans l’éternité. Ainsi soit-il.

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