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La messe de Padre Pio

Enflammé de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain, Padre Pio vécut pleinement sa vocation qui consistait à participer à la rédemption de l'homme, selon la mission spéciale qui caractérisa toute sa vie et qu'il réalisa par la direction spirituelle des fidèles, la réconciliation sacramentelle des pénitents et la célébration de l'Eucharistie. Le moment le plus éminent de son activité apostolique était celui où il célébrait la messe. Les fidèles qui y participaient y percevaient le sommet et la plénitude de sa spiritualité.

« L’Eucharistie était le centre d’attraction vers lequel convergeaient tous les moments de la journée de Padre Pio. Chaque heure du jour était une préparation ininterrompue et une action de grâce continuelle à Jésus dans le Saint Sacrement. » (Père Tarcisio, "La messe de Padre Pio")

Un autre frère capucin a témoigné avoir dû, à plusieurs reprises, "arrêter" Padre Pio en pleine nuit, alors qu'il se levait déjà et s'en allait à l'église : la faim du Corps, la soif du Sang du Christ le tenaillaient au point qu'il ne pouvait attendre plus longtemps... ni l'heure, ni la fatigue, ni un état de santé bien souvent délabré, rien ne semblait être un obstacle valable.
Padre Pio l'écrivit (et le dit) à de très nombreuses reprises ; voici, par exemple, ce qu'il décrivait à son Père spirituel, Padre Benedetto, le 29 mars 1911 :
« Mon cœur se sent comme attiré par une force supérieure avant de s’unir à lui le matin dans le sacrement de l’Eucharistie. J’en ai une telle faim et une telle soif, avant de le recevoir, que peu s’en faut que je ne meure d’inanition. Et c’est justement parce que je ne peux pas ne pas m’unir à lui que je suis obligé d’aller me nourrir de sa chair, parfois même malgré ma fièvre. »

« L’Eucharistie est un don nouveau et absolument unique de l’amour immense de Jésus pour nous. Parce qu’en se donnant en nourriture et en boisson pour l’homme, il s’unit à lui de la manière la plus parfaite qui puisse exister entre le Créateur et la créature. »

(Lettre à Giusseppina Morgera, 5 mai 1916)

Cette expérience mystique, Padre Pio l’a vécue d’une manière particulière, ce qu'il raconte au Père Agostino, le 18 avril 1912 :
« C’est à peine si j’ai pu me rendre auprès du divin Prisonnier pour célébrer la messe. Une fois celle-ci finie, je suis resté avec Jésus pour faire mon action de grâce. Oh, comme elle fut suave, la conversation que j’eus avec le paradis ce matin-là, à tel point que, même si je le voulais, il me serait impossible de tout vous dire. Il y a des choses que l’on ne peut traduire dans un langage humain sans qu’elles perdent leur profond sens céleste. Si vous me passez l’expression, mon cœur et celui de Jésus ont fusionné. Il n’y avait plus deux cœurs qui battaient, mais un seul. Le mien avait disparu comme une goutte d’eau dans la mer. Jésus était son paradis, son roi. La joie était en moi si intense, si profonde, que je n’ai pu me contenir : mon visage était inondé des larmes les plus délicieuses. »
Cette communion des cœurs, que Padre Pio décrit comme une fusion, est l’une des premières manifestations de son union avec Jésus Crucifié. Assez rapidement, la dimension de la croix apparaîtra dans ce phénomène, sous la forme d’une blessure ; ainsi, le 26 août de cette même année, il écrit, toujours au Père Agostino :
« Ecoutez ce qui m’est arrivé vendredi dernier. J’étais à l’église en train de faire mon action de grâce après la messe, quand je me sentis tout à coup le cœur transpercé par un javelot de feu si vif et si ardent que je crus en mourir. Les mots me manquent pour vous faire comprendre l’intensité de cette flamme : il m’est réellement impossible de le décrire. Me croirez-vous ? L’âme victime de ces consolations devient muette. J’avais l’impression qu’une force invisible me plongeait tout entier dans le feu… Mon Dieu, quel feu ! Quelle douceur ! »