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10 - Actualité du message de Fatima - Entretien avec Benoît XVI

« Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait. Revit ici ce dessein de Dieu qui interpelle l’humanité depuis ses origines : “Où est ton frère Abel ? (…) La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi !“ (Gn 4, 9). L’homme a pu déclencher un cycle de mort et de terreur, mais il ne réussit pas à l’interrompre… Dans l’Écriture Sainte, il apparaît fréquemment que Dieu est à la recherche de justes pour sauver la cité des hommes et il en est de même ici, à Fatima, quand Notre Dame demande : “Voulez-vous vous offrir à Dieu pour prendre sur vous toutes les souffrances qu’il voudra vous envoyer, en réparation des péchés par lesquels il est offensé et en intercession pour la conversion des pécheurs ?“ (Mém., de Sœur Lucie, T1, p.162). »

Notre Mère est venue du Ciel pour mettre dans le cœur de ceux qui se recommandent à Elle, l’amour de Dieu qui brûle dans le sien. À cette époque, ils n’étaient que trois ; leur exemple de vie s’est diffusé et multiplié en d’innombrables groupes sur la surface de la terre, en particulier au passage des Vierges pèlerines, qui se sont consacrés à la cause de la solidarité fraternelle. Puissent ces sept années qui nous séparent du centenaire des apparitions hâter le triomphe annoncé du Cœur immaculée de Marie à la gloire de la très Sainte Trinité.

Pendant le vol, avant l’atterrissage à Lisbonne 12 mai 2010 , Benoît XVI répondait aux journalistes présents dans l’avion. 

Les questions lui avaient été transmises d’avance par le directeur de la Salle de presse du Vatican, le Père Federico Lombardi. Et le pape en avait choisi trois, dont la troisième concernait le "secret" de Fatima et le scandale de la pédophilie.

Voici cette troisième question, avec la réponse du pape, dans la transcription, caractéristique du langage parlé, fournie par les services du Vatican :

Q. – Et maintenant venons à Fatima, qui sera un peu le sommet spirituel de ce voyage ! Sainteté, quelle signification ont pour nous aujourd’hui les apparitions de Fatima ? Quand vous avez présenté le texte du troisième secret à la Salle de presse du Vatican, en juin 2000, certains d’entre nous et d’autres collègues d’alors y étaient, il vous fut demandé si le message pouvait aussi être étendu, au-delà de l’attentat contre Jean-Paul II, à d’autres souffrances des papes. Est-il possible, selon vous, de situer aussi dans cette vision les souffrances de l’Eglise d’aujourd’hui, liées aux péchés des abus sexuels sur les mineurs ?

Benoît XVI – Avant tout je voudrais exprimer ma joie d’aller à Fatima, de prier devant la Vierge de Fatima, qui est pour nous un signe de la présence de la foi, que c’est des petits proprement que naît une nouvelle force de la foi, qui ne se limite pas aux seuls petits, mais qui a un message pour tout le monde et rejoint le cours de l’histoire dans son présent et l’éclaire.

Je dirais donc, ici aussi, au-delà de cette grande vision de la souffrance du pape, que nous pouvons en premier lieu rapporter au pape Jean-Paul II, sont indiquées des réalités de l’avenir de l’Eglise qui au fur et à mesure se développent et se manifestent. Par conséquent, il est vrai que au-delà du moment indiqué dans la vision, on parle, on voit la nécessité d’une passion de l’Eglise, qui naturellement se reflète dans la personne du pape, mais le pape est pour l’Eglise et donc ce sont des souffrances de l’Eglise qui sont annoncées.

Le Seigneur nous a dit que l’Eglise souffrirait de diverses façons jusqu’à la fin du monde. L’important est que le message, la réponse de Fatima, ne réside pas substantiellement dans des dévotions particulières, mais dans la réponse de fond, c’est-à-dire la conversion permanente, la pénitence, la prière et les trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité. Ainsi voyons-nous ici la réponse véritable et fondamentale que l’Eglise doit donner, que nous, chacun de nous, devons donner dans cette situation.

Quant aux nouveautés que nous pouvons découvrir aujourd’hui dans ce message, il y a aussi le fait que les attaques contre le pape et contre l’Eglise ne viennent pas seulement de l’extérieur, mais les souffrances de l’Eglise viennent proprement de l’intérieur , du péché qui existe dans l’Eglise.  Ceci s’est toujours su, mais aujourd’hui nous le voyons de façon réellement terrifiante : que la plus grande persécution de l’Eglise ne vient pas de ses ennemis extérieurs, mais naît du péché de l’Eglise et que donc l’Eglise a un besoin profond de ré-apprendre la pénitence, d’accepter la purification, d’apprendre, d’une part, le pardon, mais aussi, d’autre part, la nécessité de la justice. Le pardon ne remplace pas la justice. 

En un mot, nous devons réapprendre ce qui est essentiel : la conversion, la prière, la pénitence et les vertus théologales. Nous répondons ainsi, nous sommes réalistes en nous attendant à ce que le mal attaque toujours, qu’il attaque de l’intérieur et de l’extérieur, mais aussi que les forces du bien sont toujours présentes et que, à la fin, le Seigneur est plus fort que le mal et pour nous la Vierge est la garantie visible, maternelle, de la bonté de Dieu, qui est toujours la parole ultime dans l’histoire.

Les propos de Benoît XVI ont étonné les observateurs. Tout d’abord à cause de la lecture que le cardinal Joseph Ratzinger a donnée du "secret" de Fatima. Une lecture qui n’était pas limitée au passé, comme dans les interprétations ecclésiastiques courantes, mais ouverte au présent et à l’avenir. "Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait", a-t-il répété aux fidèles devant le sanctuaire.

La pénitence est grâce ; le fait que nous reconnaissions notre péché est une grâce, le fait que nous sachions que nous avons besoin d’un renouvellement, d’un changement, d’une transformation de notre être est une grâce. La pénitence, le pouvoir de faire pénitence, est le don de la grâce. Je dois dire que nous, chrétiens, même ces derniers temps, nous avons souvent évité le mot pénitence, qui nous paraissait trop dur. Maintenant, sous les attaques du monde qui nous parlent de nos péchés, nous voyons que pouvoir faire pénitence est une grâce. Nous voyons qu’il est nécessaire de faire pénitence, c’est-à-dire de reconnaître ce qui est erroné dans notre vie, de nous ouvrir au pardon, de nous préparer au pardon, de nous laisser transformer. La souffrance de la pénitence, c’est-à-dire de la purification et de la transformation, cette souffrance est une grâce, parce qu’elle est renouvellement, parce qu’elle est œuvre de la miséricorde divine.

La consécration à Marie

Marie, du fait de sa conception immaculée, est la seule créature à ressembler pleinement à Dieu. Donc pour ressembler et plaire complètement à Dieu, il nous faut passer par Marie et imiter Marie qui était la sainte esclave de Dieu.

Nous sommes invités à être comme Marie. Marie est plus terrible pour le démon qu’une armée rangée en bataille !

Le rosaire est la force qui, par ses paroles mystérieuses, touche l’ennemi infernal.

Le commentaire de Sœur Lucie

Etablir dans le monde la dévotion au Cœur immaculé de Marie veut dire amener les gens à une totale consécration, à la conversion, au don, à l'affection intime, à la vénération et à l'amour.

C'est donc dans cet esprit de consécration et de conversion que Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur immaculé de Marie.

 Nous savons tous ce que représente dans une famille le cœur de la mère : c'est l'amour ! En effet, c'est l'amour qui pousse la mère à s'empresser auprès d'un berceau de son enfant, à se sacrifier, à se donner, à courir défendre son enfant. Tous les enfants font confiance au cœur de leur mère et tous savent qu'ils ont en lui une place d'intime prédilection. C'est la même chose avec la Vierge Marie. Le message l'exprime ainsi : « Mon Cœur sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu'à Dieu. » Le Cœur de Marie est donc pour tous ses enfants le refuge et le chemin vers Dieu. Ce refuge et ce chemin ont été annoncés par Dieu à toute l'humanité, aussitôt après la chute.

Au démon, qui avait tenté les deux premiers êtres humains et qui les amena à désobéir à l'ordre divin qu'ils avaient reçu, le Seigneur a dit : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon » (Genèse 3, 15).

Du cœur de la mère les enfants reçoivent la vie naturelle, le premier souffle, le sang vivifiant, les palpitations du cœur, comme si la mère était le ressort d'une horloge qui a deux pendules. [...]

Nous pouvons dire la même chose de Marie, quand elle a porté dans son sein le Fils du Père éternel. Et ainsi le Cœur de Marie est, en quelque sorte, le cœur de ce nouveau lignage dont le premier fruit est le Christ, le Verbe de Dieu. [...]

Aujourd'hui, de nombreux groupes de prières dans le monde, vivent de la spiritualité de Fatima, et font circuler dans les familles des vierges pèlerines d'une statue ou d'une icône de Notre Dame de Fatima. Les réunions de prières autour de ces vierges pèlerines sont l'occasion de la récitation du rosaire et des prières apprises par l'ange à Fatima.

« A la fin, mon Cœur immaculé triomphera ! » Le message de Fatima est un véritable message d’espoir, et nous avons la clé : la prière du rosaire et la consécration à Marie.