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8 - Fatima et le communisme

C'est lors de la troisième apparition, le 13 juillet 1917, que Notre Dame dit : Si on écoute mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs dans le monde, produisant guerres et persécutions à l'Eglise : les bons seront martyrisés ; le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. Mais finalement mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira et un certain temps de paix sera accordé au monde.

En ce 13 juillet 1917, le bolchevisme n'était pas encore au pouvoir. La Russie se débattait dans la défaite, dans le désordre et dans la faim, sous le gouvernement provisoire inopérant des Mencheviks. L'homme qui alors aurait parlé d'une menace pour les autres nations de la part de la Russie, pays réduit à l'impuissance, aurait fait rire de lui. Mais Marie avait la connaissance de l'avenir et le monde a appris depuis ce qu'il ne pouvait soupçonner à cette époque. Marie savait de quoi elle parlait. Le message de Fatima apportait au monde une arme souveraine contre le communisme, avant même que le communisme devienne une force menaçante. Et si les hommes avaient écouté Notre Dame, l'expansion du communisme n'aurait pas eu lieu. C'est pour confirmer visiblement l'authenticité de ce message qu'eut lieu le miracle spectaculaire du 13 octobre. Il précéda de trois semaines l'accession du parti de Lénine au pouvoir en Russie.

Les bolcheviques ont appelé "révolution d'octobre" le soulèvement qui leur donna   le pouvoir à Moscou. Mais, en réalité ce soulèvement n'eut lieu que les 5, 6 et 7 novembre 1917. La Russie de ce temps-là suivait encore le calendrier julien, en retard de treize jours sur notre calendrier grégorien. La Russie était donc encore au 25 octobre quand c’était déjà le 7 novembre dans nos pays latins, germaniques et anglo-saxons.

Lénine, Trotsky, Staline et d'autres chefs révolutionnaires exilés étaient rentrés en Russie et préparaient fébrilement leur révolution tout au long de l'été 1917, pendant que la Reine du Ciel faisait sa série d'apparitions à Fatima.  Quand Satan pouvait se réjouir de voir ses hommes de choix obtenir le sceptre sur un grand pays, le monde chrétien avait déjà reçu du Ciel l'équipement voulu pour se défendre victorieusement.              

Jean-Paul II et Fatima

Déjà sa devise « Totus tuus » montre son  attachement à la Vierge Marie depuis sa toute tendre enfance.

Sa volonté de défense de la dignité humaine l’a conduit à promouvoir les droits de l’homme. Il s'est opposé fortement  à l'idéologie communiste et par son action,  en Pologne et d’autres pays de l’Europe de l’Est à travers l’Eglise persécutée mais résistante, il a favorisé, guidé par la main maternelle de Marie, la chute du communisme en Europe.

13 mai 1981. 
Des coups de feu sont tirés contre le pape Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre à Rome, devant une foule de 20 000 fidèles. Le tireur, un Turc de 23 ans du nom de Mehmet Ali Agça, aurait été manipulé par les Services secrets soviétiques. Jean-Paul II attribuera sa miraculeuse survie à l'intervention de la Vierge de Fatima. 

Quelle était la bannière sous laquelle il a combattu ?

(Homélie de Mgr Pavol Hnilica)

Il avait déjà comme évêque la devise « Totus tuus », marque de son offrrande inconditionnelle à la Sainte Vierge. Mais ce «Totus tuus» a pris une toute nouvelle di-mension à partir de l’attentat du 13 mai. Jean-Paul II a éprouvé dans les jours d’hospitalisation toute sa faiblesse physique. Je me rappelle bien ce qu’il confia à l’un de ses amis : « Voyez, je ne peux même plus bouger. » Mais, après avoir marqué une pause, il ajouta : « Cependant, non pas ma volonté, mais que ta volonté se fasse, Seigneur ! » Au travers de l’attentat, Jean-Paul II a perçu plus profondément encore la valeur du sacrifice et le message de Fatima.

Il m’a demandé de lui apporter tout ce qui avait été écrit sur Fatima. J’avais en polonais un bon nombre de ces textes. Il a tout lu avec une grande attention. Il lui est apparu clairement qu’il était le pape dont parlait la Sainte Vierge à Fatima et qu’il lui fallait réaliser ce dont la Vierge Marie le chargeait. En quittant l’hôpital, il me dit : « J’ai compris à présent que le seul moyen de sauver le monde de l’autodestruction et de l’athéisme militant, est la conversion de la Russie selon le message de Fatima. »

Après son hospitalisation, j’ai remis au Saint-Père une statue de Notre Dame de Fatima que j’avais reçue en cadeau de pèlerins allemands. Il la couronna et l’embrassa en prononçant « Totus tuus ». Je lui dis alors : « C’est sous votre pontificat que doit se faire la conversion de la Russie. » Le Saint-Père resta un long moment en silence et en prière devant la statue. Puis il me demanda : « Comment faire pour cela ? » Je lui dis : « La Providence divine vous a choisi, en union avec tous les évêques, pour consacrer la Russie au Cœur immaculé de Marie. La paix dans le monde en dépend car la conversion de la Russie, c’est la victoire sur Satan. »

A quelque temps de là, le Saint-Père fit porter la statue en Pologne et construire une petite chapelle à la frontière d’où la Sainte Vierge regarde jusqu’aujourd’hui en direction de la Russie. On en vint finalement au 25 mars 1984. Jean-Paul II pria avec de nombreux évêques présents la consécration sur la place Saint-Pierre. Nous pouvons en voir les fruits : Aujourd’hui, des missionnaires peuvent aller en Russie et répandre l’Évangile dans les pays de l’ex-Union soviétique. Si nous faisons ce que demande la Sainte Vierge, nous pouvons voir comme à Cana le miracle que Dieu opère.

J’ai eu ce jour-là la grande grâce de prier cette consécration en secret au Kremlin à Moscou. Sous le couvert d’un journal communiste j’y ai même célébré la sainte messe en union avec le Saint-Père. C’était un jour tout particulier dans ma vie. J’essayais depuis trente ans d’aller en Russie mais ce n’était jamais possible. Le 25 mars, c’est la Providence qui m’a conduit à Moscou. J’avais rendu visite à Mère Teresa, avec qui je collaborais depuis plus de vingt ans, dans sa mission de Calcutta. Pour mon retour, elle avait obtenu un visa pour Moscou. Comme j’avais fui la Slovaquie, il était très risqué pour moi de me rendre dans les pays de l’Est. 

La personne qui m’accompagnait me dit à la frontière : « Alors, il est prévu qu’on soit pour quatre jours à Moscou ? En retour, on restera peut-être quatorze ans en Sibérie ! » (Gulag)  À la frontière, il nous a fallu vraiment attendre pendant des heures jusqu’à ce qu’on ait examiné nos passeports. J’avais prié tout le psautier quand nous avons pu passer la frontière. On peut dire que ce jour-là, le Rosaire a été la clé qui m’a ouvert la porte de Moscou.

Quand j’ai raconté au Saint-Père mon aventure à Moscou, il en a eu les larmes aux yeux. Il me dit : « C’est vraiment un signe pour moi, Paul. Car de nombreux cardinaux, évêques et théologiens étaient opposés à cette consécration de la Russie au Cœur de Marie. Mais Dieu a envoyé un évêque catholique à Moscou pour y faire sur place la consécration. Ce jour-là, la Sainte Vierge t’a conduit par la main. » Je lui ai répondu : « Non, très Saint-Père, elle ne m’a pas conduit, elle m’a porté dans ses bras. »

Le pape Jean-Paul II est le pape de Fatima. Il a consacré à la Sainte Vierge non seulement lui-même et le monde entier mais aussi il a fait de la prière et du sacrifice de substitution le centre de son pontificat. Quand j’ai rencontré Sœur Lucie pour la première fois, je lui ai demandé quel était le point central du message de Fatima. Elle me répondit sans hésiter : « Excellence, la première chose que la Sainte Vierge nous a demandé, c’était : “Êtes-vous prêts à accepter chaque croix et chaque souffrance que le Seigneur vous envoie et à les offrir pour la conversion des pécheurs ?” » 

Nous sommes à une époque mariale dans laquelle Marie intervient dans l’histoire de l’humanité comme encore jamais auparavant. Elle s’adresse aujourd’hui à nous, aux membres sains du Corps mystique pour qu’au nom des autres, nous exercions notre foi, notre espérance et notre charité.

Nombreux sont ceux, même parmi ses proches collaborateurs, qui en voyant la souffrance gagner le Saint-Père au cours des années, se demandaient d’où il prenait la force de ne pas démissionner et de transmettre même à d’autres dans leur souffrance le courage et l’espérance. Lui-même nous en a donné la réponse : « Devant Marie, Mère de l’Eglise, je renouvelle mon offrande : “Totus tuus !“ Qu’elle veuille bien m’aider à accomplir à chaque instant de ma vie la sainte volonté de Dieu » (28.fevrier 2005). Même à son réveil de l’anesthésie, après avoir subi une trachéotomie, il écrivit sur un bout de papier : « Ma che mi hanno fatto ? Comunque io sono sempre totus tuus. (Mais qu’est-ce qu’ils m’ont fait ? De toute façon, je suis toujours “Totus tuus“, tout à toi, Marie.) »

Tel était le secret de sa vie. Tel est l’exemple qu’il a donné à l’Eglise, ce dont elle a tellement besoin aujourd’hui, Marie. 

Fin de l’homélie

 

12-13 mai 1982

– Jean-Paul II vient en pèlerinage à Fatima pour remercier Notre Dame de lui avoir sauvé la vie un an plus tôt sur la place Saint-Pierre et, à genoux, il consacre l'Eglise, les hommes et les peuples, avec la mention voilée de la Russie, au Cœur immaculé de Marie. 

Le 25 mars 1984, S. S. le Pape Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre, à Rome, devant la statue de la chapelle des Apparitions, en communion avec tous les évêques, prononce la consécration du monde entier au Cœur immaculé de Marie, tout en priant particulièrement pour la Russie.

A cette époque, les deux blocs qui s'opposent après le pacte de Yalta connaissent une période de profonde crise à cause des missiles à ogive nucléaire, Pershing et SS20. Au Kremlin, engagé dans la guerre en Afghanistan, sont montés au pouvoir des personnalités obscures de la «Nomenclature» tels que Andropov et Cernienko.

Peu après, totalement inattendu, est arrivé au pouvoir au Kremlin Gorbatchev et sa « perestroïka », ce qui a permis d'ouvrir finalement entre les deux «grandes puissances» un dialogue profitable sur le désarmement nucléaire.

Le 9 novembre 1989, soudainement, sauf quelques escarmouches peu importantes, le symbole même de la division, le mur de Berlin, tombe en éclats. Une partie de ce mur est porté au sanctuaire de Fatima. 

Le 8 décembre 1991, à la Diète de Moscou, les députés représentants toutes les Républiques de l'URSS décident de dissoudre la Fédération, née de la révolution d'octobre 1917. Chaque république retrouve ainsi son indépendance. Encore récemment Gorbatchev a déclaré qu'il n'a pas encore compris ce qui s'était passé ce jour-là dans la tête des députés. Cette date du 8 décembre, fête de l'Immaculée Conception, est le huitième anniversaire du jour où Jean-Paul II envoya aux évêques du monde entier sa lettre leur demandant de l'accompagner dans l'Acte de consécration au Cœur immaculé de Marie.

Le 25 décembre 1991, Gorbatchev signe par conséquent l'acte de démission de président de l'URSS : sept ans et neuf mois avant, Jean-Paul II avait fait la consécration demandée par Notre Dame de Fatima.

Jean-Paul II commente :

« Il est difficile de ne pas remarquer que l'Année mariale a précédé de près les événements de 1989. Ces événements ne peuvent pas ne pas surprendre par leur ampleur et surtout par la rapidité de leur déroulement. Les années quatre-vingts s'étaient écoulées en se chargeant d'un danger croissant, à la suite de la " guerre froide "; l'année 1989 a apporté une solution pacifique, qui a revêtu en un sens la forme d'un développement " organique ". A la lumière de cette solution, on se sent poussé à reconnaître un sens vraiment prophétique à l'encyclique Rerum novarum : ce que le pape Léon XIII y écrit sur le communisme se trouve exactement vérifié, comme je l'ai souligné dans l'encyclique Centesimus Annus. On pouvait du reste pressentir que, dans ce qui s'est passé, la main invisible de la Providence était à l'œuvre avec une attention maternelle: " Une femme oublie-t-elle son petit enfant ?... " (Is 49,15). »

Sœur Lucie commente :

« Il est bien connu de tous, qu'on traversait l'un des moments les plus critiques de l'histoire de l'humanité, où les grandes puissances, dans l'hostilité qui les opposait, se préparaient à une guerre atomique qu'elles projetaient et qui viendrait à détruire, sinon le monde entier, du moins la plus grande partie ; et la partie qui serait restée, quels moyens de survivre aurait-elle eus ?

Qui aurait été alors capable de dissuader ces hommes arrogants, retranchés derrière leurs plans et leurs projets de guerre, derrière leurs idées de violence et leurs idéologies athées, asservissantes et dominatrices, persuadés d'être les maîtres du monde, de changer tout cela pour adopter la position contraire ? Ou bien de demander de se rencontrer en vue d'obtenir la paix ?

Qui, sinon Dieu, fut capable de réaliser cela dans ces intelligences, dans ces volontés et dans ces consciences, sans peur ni crainte de révoltes de la part des leurs ou de l'étranger ? Seule la force de Dieu a pu accomplir cela, Lui qui agit en tous, en les amenant à un accord pacifique, sans révoltes ni opposition ni conditions. « Qui est comme Dieu ? »

Mieux encore, il incitait l'un des principaux dirigeants du communisme athée à se mettre en route pour Rome, afin de rencontrer le Saint-Père [...] ; par cette rencontre, il le reconnaissait comme le suprême représentant de Dieu, de Jésus Christ, sur la terre, comme le chef de l'unique et véritable Eglise fondée par Jésus Christ ; c'était aussi pour donner le baiser de paix, en demandant pardon pour les erreurs de son parti ; il donnait ainsi au monde un témoignage de foi et de confiance en l'Eglise du Dieu unique et véritable. » 

 « Quand Notre Dame de Fatima a promis la paix, c'était par rapport aux guerres provoquées dans le monde par le communisme athée, mais non par rapport aux guerres civiles qui ont toujours existé et existeront toujours, jusqu'à ce que Dieu transforme ce monde - comme dit Jésus Christ - en une terre nouvelle et un ciel nouveau. [...]

Jusqu'ici je vois le message de Fatima comme une préparation en vue de libérer le peuple de Dieu de ce que Pie XII a appelé la plus grande hérésie de tous les temps jamais apparue dans le monde, jusqu'aux extrémités de la terre ; et en vue de nous libérer du danger d'une guerre nucléaire qui devait détruire une grande partie de son œuvre créatrice et rédemptrice : le peuple de Dieu choisi pour la vie éternelle. » 

La télévision italienne diffusa la visite du cardinal Vidal à Sœur Lucie au carmel de Coimbra. Dans ce document, on voit Sœur Lucie communiquer au cardinal Vidal que la consécration faite par Jean-Paul II, le 25 mars 1984, avait sauvé le monde d'une guerre atomique...

Le pape Jean-Paul II avait rencontré Sœur Lucie au cours des trois visites qu’il a effectuées au sanctuaire de Fatima, en 1982, 1991 et le 13 mai 2000 : elle a assisté à la béatification de ses petits cousins, les pastoureaux François et Jacinthe.