Textes extraits du livrets : Don et fruits de l'Esprit-Saint, neuf jours de prère et d'enseignements
1. LE DON DE SAGESSE
La Sagesse est un don par lequel, élevant notre esprit au-dessus des choses terrestres et fragiles, nous contemplons les choses éternelles, c’est-à-dire la Vérité qui est Dieu, en qui nous nous complaisons et que nous aimons comme notre souverain Bien.
C’est la capacité de goûter les choses de Dieu.
Le mot « sagesse » est à prendre dans son sens étymologique : « sapere » c’est trouver du goût, savoir apprécier (une bonne table, un beau paysage, une œuvre d’art…) Celui qui reçoit peu à peu ce don de sagesse trouve du goût et de la saveur à lire par exemple une page d’Evangile, à se recueillir quelques instants dans une église, ou chez lui, et même durant un transport en commun. Pour tout résumer, c’est prendre le temps et les moyens d’apprécier les choses de Dieu qui viennent de Dieu ou me renvoient à Dieu. Le Saint Esprit nous fait goûter les choses de Dieu qui nous font du bien.
L’esprit de Sagesse, c'est donc une saveur intérieure et un goût très suave. Aussi le Psalmiste en parle-t-il ainsi : « Goûtez et voyez que le Seigneur est doux » (Ps 33,9). Et ailleurs « Livrez-vous au loisir et voyez » (Ps 14,11). Et encore : « Approchez-vous de lui, et soyez illuminés » (Ps 36,6). Par ce goût extérieur de la sagesse divine, nous savourons à l'avance, quelque chose des réalités divines, nous contemplons combien il est agréable d’être au milieu des chœurs des anges, où rien ne pourra se trouver de déplaisant, où rien ne pourra manquer de ce qui peut plaire.
La Sagesse révèle à l'âme la saveur de Dieu.
Heureux donc celui en qui règne cette précieuse Sagesse qui révèle à l'âme la saveur de Dieu et de ce qui est de Dieu !
Toute la vie en est comme assainie, ainsi qu'il arrive à ceux qui font usage d'aliments qui leur conviennent. Il n'y a plus de contradiction entre Dieu et l'âme, et c'est pour cette raison que l'union est rendue facile : « Où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté », dit l'Apôtre (2 Co 3,17). Tout devient aisé pour l'âme, sous l'action de l'Esprit de Sagesse.
Non seulement on peut dire que Dieu n'est pas loin d'une âme que l'Esprit-Saint a mise dans cette disposition ; mais en outre, il est visible qu'elle Lui est unie. Qu'elle veille cependant sur l'humilité ; car l'orgueil peut encore monter jusqu'à elle, et sa chute serait d'autant plus profonde que son élévation est plus grande.
L’obstacle à ce don de Sagesse, c’est de vivre habituellement dans le péché.
Car, à long terme, un des effets pernicieux du péché c’est de tout durcir : la tête ; le cœur, l’âme, le tempérament. Les anciens appelaient cela la « cardio-sclérose » : on devient de mauvaise humeur, agressif, mécontent. Et les autres doivent tout supporter.
Tandis que la sagesse, elle, adoucit et transforme les cœurs de pierre en cœurs de chair. L’Esprit-Saint imprègne, dit la liturgie, telle une onction, telle une rosée. « Apprenez de Moi, dit jésus, que Je suis doux… »
Un moyen pour recevoir ce don : cultiver des instants de recueillement.
Pour faire bien tout ce qui est à faire, il faut savoir fermer les yeux ; il faut savoir s’asseoir entre deux activités, et se remettre en Présence de Celui qui nous habite. Alors on apprend à goûter l’instant présent, la personne qui est là, la démarche qui reste à faire. Et en y allant, vous goûtez la lumière du soleil ; la douceur des collines, un travail bien fait : En toutes circonstances vous apprenez à goûtez les choses de Dieu.
Pour jouir de ce don, il faut devenir spirituel, se prêter docilement au désir de l'Esprit. Ainsi il arrive qu’après avoir été esclaves de la vie charnelle, nous soyons affranchis par la docilité à l'égard de l'Esprit divin qui nous a cherchés et qui nous a retrouvés.
Insistons auprès du divin Esprit, et prions-Le de ne pas nous refuser cette précieuse Sagesse qui nous conduira à Jésus, la Sagesse infinie. Un sage de l'ancienne loi aspirait déjà à cette faveur, quand il écrivait ces paroles dont le chrétien seul a l'intelligence parfaite : « J'ai désiré, disait-il, et l'Intelligence m'a été donnée ; j'ai prié, et l'Esprit de Sagesse est venu en moi » (Sg 7,7).
Dans la nouvelle Alliance, l'Apôtre saint Jacques nous y invite par ses exhortations les plus pressantes : « Si quelqu'un de vous, dit-il, veut avoir la Sagesse, qu'il la demande à Dieu qui donne à tous avec tant de largesse et qui ne reproche pas Ses dons ; qu'il demande avec foi, et qu'il n'hésite pas » (Jc I,5).
2. LE DON DE L'INTELLIGENCE
L’Intelligence : intel (de l’intérieur) ligence (lire, comprendre), est un don par lequel nous est facilitée, autant qu’il est possible pour un homme mortel, l’intelligence de la Foi et des divins mystères que nous ne pouvons connaître par les lumières naturelles de notre esprit.
C’est comprendre les choses, les événements et surtout les personnes, de l’intérieur, c’est à dire avec le cœur.
Nous avons besoin d’aborder les choses et les personnes de l’extérieur avec notre intelligence et par observation, mais il nous est possible d’aller plus loin, de nous recueillir, et d’accueillir le don de Dieu pour mieux voir les choses et les personnes de l’intérieur, et les regarder avec le cœur.
L’Esprit-Saint ne nous rend pas savant mais intelligent. Recevoir ce don d’intelligence c’est pouvoir nager comme un poisson dans l’eau, dans la foi, dans le catéchisme. Ce don de l'Esprit-Saint fait entrer l'âme dans une voie supérieure à celle où elle s'est exercée jusqu'alors. La voie de la contemplation lui sera donc désormais ouverte, et le divin Esprit l'y introduira au moyen de l'Intelligence.
C’est un don pour la contemplation. La contemplation est l'état auquel est appelée, dans une certaine mesure, toute âme qui cherche Dieu. Elle est simplement cette relation plus intime qui s'établit entre Dieu et l'âme qui lui est fidèle dans l'action ; à cette âme, si elle n'y met obstacle, est réservé le don d'Intelligence qui consiste dans l'illumination de l'esprit éclairé désormais d'une lumière supérieure. Cette lumière n'enlève pas la foi, mais elle éclaircit l'œil de l'âme en la fortifiant, et lui donne une vue plus étendue sur les choses divines.
Le don d'Intelligence répand aussi dans l'âme la connaissance de sa propre voie. S'il arrive qu'elle soit appelée à donner des conseils, à exercer une direction par devoir ou par le motif de la charité, on peut se confier en elle ; le don d'Intelligence l'éclaire pour les autres comme pour elle-même. Elle ne s'ingère pas cependant à poursuivre de ses leçons ceux qui ne les lui demandent pas ; mais si elle est interrogée, elle répond, et ses réponses sont lumineuses comme le flambeau qui l'éclaire.
Dans une vie occupée et remplie par des devoirs, au sein même de distractions obligées auxquelles l'âme se prête sans s'y livrer, cette âme fidèle peut se conserver recueillie. Qu'elle soit donc simple, qu'elle soit petite à ses propres yeux, et ce que Dieu cache aux superbes et révèle aux petits (Lc 10,21) lui sera manifesté et demeurera en elle.
C'est dans l'intelligence, il est vrai, que se répand la lumière divine qui est l'objet de ce don ; mais son effusion provient surtout de la volonté échauffée du feu de la charité, selon la parole d'Isaïe : « Croyez, et vous aurez l'intelligence » (Is 6,9).
L’obstacle : c’est d’être superficiel. Il n’est pas intelligent celui qui est toujours agité, qui va au plus pressé. C’est l’activisme, l’agitation, le manque de réflexion. Ne pas rester au seuil de notre âme, à la surface. Ne pas être des TGV qui ne réfléchissent pas. Importance du silence dans notre vie, de nous poser, de souffler, de voir où nous allons et d’où nous venons. Par l’intelligence, l’homme intérieur grandit.
Tel est le don d'Intelligence, véritable illumination de l'âme chrétienne, et qui se fait sentir à elle en proportion de sa fidélité à user des autres dons. Celui-ci se conserve par l'humilité, la modération des désirs et le recueillement intérieur. Une conduite dissipée en arrêterait le développement et pourrait même l'étouffer. Nous l'atteindrons plus sûrement par l'élan de notre cœur que par l'effort de notre esprit.
Moyen pour entrer dans cette intelligence : « une nuit, une messe ». Cela veut dire « une nuit » : laissons passer un peu de temps, on verra mieux l’essentiel. Un peu de patience même s’il y a urgence. Et « une messe » : nous confions cette situation complètement à Dieu, la remettant dans son grand Vouloir, qui est le salut de tous. Après, on donnera un avis et on prendra une décision avec le regard de Dieu. Cela peut avoir beaucoup de conséquences. Finalement, la décision prise est assez éloignée de notre première réaction ; l’Esprit-Saint nous a rendus plus intelligents.
L’Esprit d'intelligence, se rapporte à la sixième béatitude : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu » (Mt 5,8). Si le regard de l'esprit n'est point purifié avec soin, l'âme ne peut comprendre nettement, les choses divines et mystiques. L'homme qui veut avoir une intelligence pure et lucide, doit donc s'appliquer à écarter les fantômes et les brouillards des mauvaises pensées, et à conserver son cœur en toute diligence et précaution.
Nous devons donc l'implorer du divin Esprit avec toute l'ardeur de nos désirs, en demeurant convaincus que nous l'atteindrons plus sûrement par l'élan de notre cœur que par l'effort de notre esprit.
3. LE DON DE CONSEIL
Le Conseil est un don par lequel, dans les doutes et les incertitudes de la vie humaine, nous connaissons ce qui contribue le plus à la gloire de Dieu, à notre salut et à celui du prochain.
C’est surtout l’Ecriture qui va donner aux chrétiens de rentrer davantage dans le Conseil de Dieu. Ce Conseil, c’est de chercher où est la Volonté de Dieu à long terme.
Ce que le Seigneur nous demande, ce n’est pas de réussir tout de suite, c’est de prendre une décision à long terme, c’est de prendre du recul par rapport à l’avenir, pour mieux correspondre au Vouloir éternel de Dieu.
Attention à une religion ou à une spiritualité trop ponctuelles, trop immédiates. Il faut le grand conseil de Dieu, le grand appel de Dieu ; pour cela, il faut prendre le temps et les moyens de Le chercher : « Avance en eau profonde » dit Jésus à Pierre.
L’Esprit-Saint nous oriente, nous donne la bonne direction, nous fait sentir que c’est dans ce sens-là que nous devons avancer. Dans les diverses situations où nous pouvons être placés, dans les résolutions que nous pouvons avoir à prendre, il est nécessaire que nous entendions la voix de l'Esprit-Saint, et c'est par le don de Conseil que cette voix divine arrive jusqu'à nous. C'est elle qui nous dit, si nous voulons l'écouter, ce que nous devons faire et ce que nous devons éviter, ce que nous devons dire et ce que nous devons taire, ce que nous pouvons conserver et ce à quoi nous devons renoncer.
Sous la direction du don de Conseil, le chrétien n'a rien à craindre ; l'Esprit-Saint prend sur lui la responsabilité de tout. Qu'importe donc que le monde blâme ou critique, qu'il s'étonne ou se scandalise ! Le monde se croit sage ; mais il n'a pas le don de Conseil. De là vient que souvent les résolutions prises sous son inspiration aboutissent à un but tout autre que celui qu'il s'était proposé.
Nous savons que nous serons jugés sur toutes nos œuvres et sur tous nos desseins ; mais nous savons aussi que nous n'avons rien à craindre tant que nous sommes fidèles à votre conduite. Nous serons donc attentifs : « à écouter ce que dit en nous le Seigneur notre Dieu » (Ps 84).
Obstacle : Avoir un esprit trop indépendant. J’ai trop confiance en mon seul point de vue. Je n’ai pas besoin de conseils. J’avance très sûr de moi-même. Les Pères disaient : « Fou celui qui ne demande pas conseil. Interroge les Anciens, ils te diront. » Fou est celui qui ne compte que sur ses propres batteries qui n’est tourné que sur lui-même, replié : « moi je, moi je… »
Petit moyen : Avoir l’humilité de demander conseil. « En avez-vous parlé au père ? » C’est interroger les Anciens, qui ne sont pas forcément des personnes âgées. Ce conseiller sera quelqu’un de « bon conseil », qui ne vous répondra pas pour vous faire plaisir ni pour faire pression, mais en se mettant devant Dieu.
C’est d’abord dans l’Ecriture que l’on voit ce que Dieu veut de tous et de chacun. Nous avons besoin, au troisième millénaire, de nous nourrir davantage du Conseil et de l’Intelligence que Dieu nous donnera dans les Ecritures : « Ta Parole, Seigneur, est limpide, Elle éclaire les simples »
Que de pièges Il peut nous faire éviter ! Que d'illusions Il peut détruire en nous ! Que de réalités Il nous découvre ! Mais pour ne pas perdre Ses inspirations, il nous faut nous garder de l'entraînement naturel qui nous détermine trop souvent peut-être, de la témérité qui nous emporte au gré de la passion, de la précipitation qui nous sollicite de juger et d'agir, lors même que nous n'avons vu encore qu'un côté des choses, de l'insouciance enfin qui fait que nous nous décidons au hasard, dans la crainte de nous fatiguer par la recherche de ce qui serait le meilleur.
Appelons donc de toute l'ardeur de nos désirs le don divin qui nous préservera du danger de nous gouverner nous-mêmes ; mais comprenons que ce don n'habite que dans ceux qui l'estiment assez pour se renoncer en sa présence. Si l'Esprit-Saint nous trouve détachés des idées humaines, convaincus de notre fragilité, Il daignera être notre Conseil ; de même que si nous étions sages à nos propres yeux, il retirerait sa lumière et nous laisserait à nous-mêmes. Nous ne voulons pas qu'il en soit ainsi pour nous, ô divin Esprit ! Nous savons trop par notre expérience qu'il ne nous est pas avantageux de courir les hasards de la prudence humaine, et nous abdiquons sincèrement devant vous les prétentions de notre esprit si prompt à s'éblouir et à se faire illusion.
« Faites-nous connaître Vos voies, et enseignez-nous Vos sentiers. Dirigez-nous dans la vérité et instruisez-nous ; car c'est de Vous que nous viendra le salut, et c'est pour cela que nous nous attachons à Votre conduite. » (Ps 118).
4. LE DON DE FORCE
La Force est un don qui nous inspire de l’énergie et du courage pour observer fidèlement la sainte loi de Dieu et de l’Eglise, en surmontant tous les obstacles et toutes les attaques de nos ennemis. C’est faire jusqu’au bout ce que nous avons à faire. C’est le devoir d’état, premier et bien fait.
Nous avons tous beaucoup à faire. Mais l’Esprit-Saint nous donnera de faire au mieux tout ce que nous avons à faire aujourd’hui. C’est la grâce d’état : un professeur pour bien enseigner – un étudiant pour bien étudier – C’est encore la grâce de bien vivre sa vie de couple et de famille. Pour un veuf ou une veuve, c’est la grâce d’accueillir et de tirer part de sa nouvelle situation. Bien faire les choses, même à travers les difficultés dans lesquelles nous sommes impliqués.
Un grand échec survient ? La grâce sera de se rappeler que l’Esprit-Saint est là pour m’aider à porter cette épreuve, dans l’état et la situation qui sont les miens. C’est toute la force des martyrs, non pas une force extérieure mais intérieure.
L'Esprit de Force est semblable à la quatrième béatitude évangélique : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu'ils seront rassasiés » (Mt 5,6). En effet, l'homme qui a faim et soif de la justice, est fort, invincible contre toutes les adversités dont aucune ne peut l’effrayer.
Deux nécessités se rencontrent dans la vie du chrétien : il lui faut savoir résister et savoir supporter. Quelle ne doit pas être l'assistance du divin Esprit, lorsqu'il s'agit de rendre le chrétien invulnérable aux traits meurtriers qui font tant de ravages autour de lui ? Les passions du cœur de l'homme ne sont pas un moindre obstacle à son salut et à sa sanctification : obstacle d'autant plus redoutable qu'il est plus intime.
Que pourrait-il opposer aux tentations de Satan, si la Force du divin Esprit ne venait le couvrir d'une armure céleste et aguerrir son bras ? Le monde n'est-il pas aussi un adversaire terrible, si l'on considère le nombre des victimes qu'il fait chaque jour par la tyrannie de ses maximes et de ses prétentions ?
Il faut que l'Esprit-Saint transforme le cœur, qu'il l'entraîne même à se renoncer, lorsque la lumière céleste indique une autre voie que celle vers laquelle nous poussent l'amour et la recherche de nous-mêmes. Quelle force divine ne faut-il pas pour « haïr jusqu’à sa propre vie », quand Jésus-Christ l'exige (Jn 12,25), quand il s'agit de faire le choix entre deux maîtres dont le service est incompatible ? (Mt 6,24)
L'Esprit-Saint accomplit tous les jours de ces prodiges au moyen du don qu'Il a répandu en nous, si nous ne méprisons pas ce don, si nous ne l'étouffons pas dans notre lâcheté ou dans notre imprudence. Il apprend au chrétien à dominer ses passions, à ne pas se laisser conduire par ces guides aveugles, à ne céder à ses instincts que lorsqu'ils sont conformes à l'ordre que Dieu a établi.
C’est un don pour supporter les épreuves. Il est des frayeurs qui glacent le courage et peuvent entraîner l'homme à sa perte. Le don de Force les dissipe ; il les remplace par un calme et une assurance qui déconcertent la nature.
Si l'homme à lui seul est peu de chose, combien il grandit sous l'action de l'Esprit-Saint ! C'est Lui encore qui aide le chrétien à braver la triste tentation du respect humain, l'élevant au-dessus des considérations mondaines qui dicteraient une autre conduite. C'est Lui qui pousse l'homme à préférer au vain honneur du monde la joie de n'avoir pas violé le commandement de son Dieu.
C'est cet Esprit de Force qui fait accepter les disgrâces de la fortune comme autant de desseins miséricordieux du ciel, qui soutient le courage du chrétien dans la perte si douloureuse d'êtres chéris, dans les souffrances physiques qui lui rendraient la vie à charge, s'il ne savait qu'elles sont des visites du Seigneur.
Obstacle : C’est cette lâcheté naturelle, qui nous fait baisser les bras à la première difficulté, laisser les choses, ne rien faire jusqu’au bout, zapper.
Moyen : Se ressaisir. Savoir se reprendre sur un point ou sur un autre, sans dramatiser. « Celui qui reçoit une charge, reçoit aussi la grâce ». Et à une personne qui trouvait toujours de bonnes raisons pour ne rien entreprendre, François de Sales disait : « Il faut aller de l’avant et aimer à la grosse mode. » Il faut persévérer : C’est par votre persévérance que vous sauverez vos âmes. Demeurer, continuer.
« Cette armure divine qui nous mettra en état de résister au jour mauvais et de demeurer parfaits en toutes choses. Ceignez nos reins de la vérité, couvrez-nous de la cuirasse de la justice, donnez à nos pieds l'Evangile de paix pour chaussure indestructible ; munissez-nous du bouclier de la foi, contre lequel viennent s'éteindre les traits enflammés de notre cruel ennemi. Placez sur notre tête le casque qui est l'espérance du salut, et dans notre main le glaive spirituel qui est la parole même de Dieu » ( Ep 6,11-17)
5. LE DON DE SCIENCE
La Science est un don par lequel nous apprécions sainement les choses créées, et nous connaissons la manière d’en bien user et de les diriger vers leur fin dernière qui est Dieu.
Que, selon la parole de Jésus, notre œil soit simple, afin que tout notre corps, c'est-à-dire l'ensemble de nos actes, de nos désirs et de nos pensées, soit dans la lumière (Mt 6,23). Sauvez-nous de cet œil que Jésus appelle mauvais, et qui rend ténébreux le corps tout entier.
6. LE DON DE LA PIETE FILIALE
La Piété est un don par lequel nous vénérons et nous aimons Dieu et les Saints, et nous avons des sentiments de miséricorde et de bienveillance envers le prochain pour l’amour de Dieu.
Il s’agit d’une confiance filiale, c’est à dire à la fois très simple, spontanée, et concrète envers Dieu-Père. C’est l’enfant qui va vers son papa, sa maman avec confiance. Il a une relation simple spontanée avec eux. C’est la relation sans nœud, sans sous entendu avec Dieu. Il n’y a pas d’aparté, pas de nuages. Le Saint Esprit nous apprend à être simples avec Dieu.
Quand on découvre que cette Paternité est unique, on ne peut avoir qu’une piété filiale envers Lui, une confiance à toute épreuve, une spontanéité sans calcul. C’est un élan tout pur vers Dieu. C’est surtout dans la prière qu’on ressent cet élan comme un enfant qui se jette dans les bras de son Père. C’est l’Esprit Saint qui nous faire dire : « Abba ! »
L'Esprit de Piété est semblable à la seconde béatitude de l'Evangile dont le Seigneur a dit : « Heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre »
Le cœur du chrétien ne doit être ni froid ni indifférent ; il faut qu'il soit tendre et dévoué ; autrement il ne pourrait s'élever dans la voie à laquelle Dieu, qui est amour a daigné l'appeler. L'Esprit-Saint produit donc en l'homme le don de Piété, en lui inspirant un retour filial vers son Créateur.
« Vous avez reçu l'Esprit d'adoption, nous dit l'Apôtre, et c'est par cet Esprit que nous crions à Dieu : Père ! Père » ! (Rm 8,15.) Cette disposition rend l'âme sensible à tout ce qui touche l'honneur de Dieu.
Elle fait que l'homme nourrit en lui-même la componction de ses péchés, à la vue de l'infinie bonté qui a daigné le supporter et lui pardonner, à la pensée des souffrances et de la mort du Rédempteur.
Remplie d'une soumission filiale envers ce Père universel qui est aux cieux, elle est prête à toutes ses volontés. Elle se résigne de cœur à toutes les dispositions de sa Providence. Sa foi est simple et vive. Elle se tient amoureusement soumise à l'Eglise, toujours prête à renoncer à ses idées les plus chères, si elles s'écartent en quelque chose de son enseignement ou de sa pratique, ayant une horreur instinctive de la nouveauté et de l'indépendance.
Ce dévouement à Dieu qu'inspire le don de Piété en unissant l'âme à son Créateur par l'affection filiale, l'unit d'une affection fraternelle à toutes les créatures, puisqu'elles sont l'œuvre de la puissance de Dieu et qu'elles sont à lui. Sa bienveillance pour ses frères est universelle. Son cœur est disposé au pardon des injures, au support des imperfections d'autrui, à l'excuse pour les torts du prochain. Il est compatissant pour le pauvre, empressé auprès de l'infirme.
Une douceur affectueuse révèle le fond de son cœur ; et dans ses rapports avec ses frères de la terre, on le voit toujours disposé à pleurer avec ceux qui pleurent, à se réjouir avec ceux qui sont dans la joie. Telle est, ô divin Esprit, la disposition de ceux qui cultivent le don de Piété que vous avez versé dans leurs âmes.
Le grand obstacle : C’est d’avoir peur de Dieu. Penser que Dieu est comme un gendarme, qu’il va nous arriver malheur parce qu’on n’a pas été à la messe ou qu’on n’a pas fait sa prière. Cette conception est très fréquente et très paralysante. Les formes peuvent varier, avec toujours ce trait commun : c’est une ignorance de ce qu’est la vraie Paternité. De Dieu on connaît Jésus et l’Esprit-Saint, mais très mal le Père. On n’a jamais cet élan filial, comme Jésus sur la Croix qui s’en remet dans les mains de son Père.
Le don de Piété est répandu dans nos âmes par le Saint-Esprit pour combattre l'égoïsme, qui est l'une des mauvaises passions de l'homme déchu, et le second obstacle à son union avec Dieu.
Le meilleur moyen : c’est de fréquenter l’Ecriture. Ne pas revenir d’abord sur sa propre histoire et ses souvenirs de famille. Car Dieu est Père d’une paternité céleste, unique, tellement différente, autre que celle que nous avons pu vivre en positif comme en négatif dans notre propre vie de famille. Le seul moyen c’est l’Ecriture. Il n’y a que Jésus qui nous donne le vrai visage de Dieu : « Personne ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils voudra Le révéler. » Alors ensuite, avec cette lumière, on pourra revenir sur les blessures du passé. Déjà dans l’Ancien Testament, Thérèse de l’Enfant Jésus avait entrevu la Paternité de Dieu (Isaïe 40-60). Les psaumes aussi nous révèlent l’élan d’un cœur filial.
7. LE DON DE LA CRAINTE DU SEIGNEUR
La Crainte de Dieu est un don qui nous fait respecter Dieu, craindre d’offenser sa divine Majesté, et qui nous détourne du mal en nous portant au bien.
Ce ne peut être la peur. Cette crainte, c’est le désir de progresser. Là, se trouve le grand moteur de la vie spirituelle. C’est le désir d’aller plus loin.
La crainte biblique exprimait un fort désir de Dieu, un désir véhément qui prend au ventre. C’était plutôt la crainte de passer à côté, de ne pas avoir compris, de ne pas assez aimer ou de mal répondre à cet amour. « Mon âme a soif de toi après toi languit ma chair, mon âme te désire, terre aride, altérée, sans eau » dit le psaume. Le Saint Esprit nous apprend à désirer Dieu, à nous languir de Dieu.
Le grand moteur de la vie spirituelle, ce n’est pas la Grâce. La Grâce est première, mais inefficace si en moi il n’y a pas ce désir, cette vigilance, cette exigence, cette volonté à aller de l’avant. Il s’agit de vouloir avec une détermination bien déterminée (Thérèse d’Avila). Autrement dit, c’est la crainte de passer à côté de la Grâce du seigneur.
Le don de crainte rend notre amour de Dieu plus délicat. Ce sentiment repose sur l'idée que la foi nous donne de la majesté de Dieu, en présence duquel nous ne sommes que néant, de sa sainteté infinie, devant laquelle nous ne sommes qu'indignité et souillure, du jugement souverainement équitable qu'il doit exercer sur nous au sortir de cette vie, et du danger d'une chute toujours possible, si nous manquons à la grâce qui ne nous manque jamais, mais à laquelle nous pouvons résister.
Cette crainte de Dieu n'est pas une crainte servile ; elle devient au contraire la source des sentiments les plus délicats.
Cette crainte, qui est un don de l'Esprit-Saint, n'est pas un sentiment grossier qui se bornerait à nous jeter dans l'épouvante à la pensée des châtiments éternels. Elle nous maintient dans la componction du cœur, quand bien même nos péchés seraient depuis longtemps pardonnés ; elle nous empêche d'oublier que nous sommes pécheurs, que nous devons tout à la miséricorde divine, et que nous ne sommes encore sauvés qu'en espérance. (Rm 8,24.) Elle peut s'allier avec l'amour, n'étant plus qu'un sentiment filial qui redoute le péché à cause de l'outrage qu'il fait à Dieu. Inspirée par le respect de la majesté divine, par le sentiment de la sainteté infinie, elle met la créature à sa vraie place, et saint Paul nous enseigne qu'ainsi épurée, elle contribue à « l'achèvement de la sanctification » (2 Co 7,1).
La crainte n'étouffe pas l'amour ; loin de là, elle enlève les obstacles qui l'arrêteraient dans son développement.
Obstacle : C’est d’avoir perdu ou de n’avoir jamais acquis le sens de la grandeur et de l’absolu de Dieu. Attention à ne pas rabaisser Dieu à mes petites affaires. La familiarité avec Dieu tient trop souvent la place de cette disposition fondamentale de la vie chrétienne, et dès lors tout progrès s'arrête, l'illusion s'introduit dans l'âme, et les sacrements, qui au moment d'un retour à Dieu avaient opéré avec tant de puissance, deviennent à peu près stériles. C'est que le Don de Crainte a été étouffé sous la vaine complaisance de l'âme en elle-même. L'humilité s'est éteinte ; un orgueil secret et universel est venu paralyser les mouvements de cette âme. Elle arrive, sans s'en douter, à ne plus connaître Dieu, par cela même qu'elle ne tremble plus devant lui. Le don de crainte permet d'enlever les obstacles au développement de l'amour. L'obstacle au don de crainte, au bien en nous est l'orgueil. C'est l'orgueil qui nous porte à résister à Dieu, à mettre notre fin en nous-mêmes, en un mot à nous perdre.
Le grand danger de la vie spirituelle, c’est de s’arrêter, de se trouver très bien, ou très mal. C’est ne plus vouloir avancer : c’est la tiédeur. L'esprit d'indépendance et de fausse liberté qui règne aujourd'hui contribue à rendre plus rare la crainte de Dieu, et c'est là une des plaies de notre temps.
Le grand moyen : Développer davantage la reconnaissance et la louange, comme dans les psaumes. La reconnaissance allège et fortifie l’âme. La louange soulève comme un oiseau. « Une âme qui fait oraison, qui dit merci, vole comme une hirondelle. Ceux qui ne font point oraison volent à grande peine, comme une grosse poule », disait François de Sales. L'humilité seule peut nous sauver d'un si grand péril. Qui nous donnera l'humilité ? l'Esprit-Saint, en répandant en nous le Don de la Crainte de Dieu.
Prière (quotidienne) pour demander les dons du Saint-Esprit (Saint Alphonse de Liguori - 18e siècle - a rédigé cette demande des dons du Saint Esprit )
TVA Intracommunautaire FR 12 387 907 850 - Siret 387 907 850 0001 - Code activité 9499Z - Agrément Tourisme Atout France IM053110002 - RC Générali AM 725950