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Brève histoire du pèlerinage au sanctuaire de Notre Dame de Marienthal

Nous sommes au XIIIe siècle, le siècle des cathédrales, et l’appel du Christ retentit dans le cœur d’un jeune noble de la Cour de l’empereur Frédéric Barberousse.
« Viens et suis-moi »
Albert de Haguenau, c’est son nom, décide de tout quitter et de consacrer sa vie à Dieu dans la solitude et la prière.
Vers 1240, il se retire sur les terres de sa mère au bord d’un ruisseau, le Rothbach. Son rayonnement est tel qu’il attire des disciples, des moines-ermites qui adoptent la Règle de Saint Guillaume. On les appelle les « guillelmites ». Ils bâtissent un couvent et une chapelle en l’honneur de la Vierge Marie. Dès cette date, une statue de la Vierge y est vénérée. En 1257, les terres sont officiellement cédées à Albert par sa famille et reçoivent le nom de « Marienthal », le val de Marie.
Au début du XVe siècle, le pèlerinage connaît une première floraison. Les fidèles des environs s’y rendent en procession. Notre-Dame y opère de nombreux miracles : des possédés sont délivrés, des malades sont guéris.
Un commerçant de Seltz, dépouillé, ligoté et bâillonné par des bandits de grand chemin est délivré par la Vierge qui lui apparaît et le ramène aux portes de la ville. A la fin du XVe siècle, l’église est reconstruite et agrandie.
Désormais deux statues de Marie accueillent les pèlerins : une Vierge à l’enfant, ou «Vierge à la joie », et une Pietà, ou Vierge douloureuse, avec Jésus mort entre ses bras.
Au XVIe siècle, pendant la Réforme, le culte catholique est interrompu pendant un temps, mais dès 1617, l’évêque de Strasbourg confie le sanctuaire aux Pères de la Compagnie de Jésus ou « jésuites ». Pendant 148 ans, sous leur impulsion, le pèlerinage connaît un grand essor. Il bénéficie aussi de la générosité de Maria Leszczyńska, l’épouse de Louis XV. La Reine, en effet, est toujours restée très attachée à ce lieu marial.
A partir de 1765, l’évêque de Strasbourg confie Marienthal au clergé séculier. Pendant la révolution, le pèlerinage continue clandestinement, tandis que les Madones sont cachées à Ottersweier en Allemagne. Les fidèles, avec un indéfectible attachement, continuent à venir prier devant les portes murées du sanctuaire interdit au culte.
Avec le Concordat de 1802 entre Napoléon Bonaparte et le Saint-Siège, commence un intense travail de restauration. La succession des dates est éloquente :
1811 : établissement de la « Maison des prêtres ». Jusqu’à aujourd’hui, les prêtres retraités, accueillis à Marienthal, continuent d’y assurer quotidiennement la célébration de la messe et des permanences de confession sous la direction du Recteur. Les Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre participent, depuis 1970, à l’animation du pèlerinage et à l’accueil des pèlerins.
1859 : couronnement solennel de la Vierge douloureuse.
1863 : bénédiction de la première pierre de la basilique actuelle, achevée 2 ans plus tard.
1871 : bénédiction de la nouvelle chapelle des confessions, dédiée à Saint Joseph et restaurée en 2009.
1892 : érection en basilique mineure par le pape Léon XIII.

Les pèlerins affluèrent dès lors en ce lieu, d’autant plus que des grâces nombreuses y furent obtenues. Le pape Innocent IV se fit le protecteur du sanctuaire « en considération des grâces nombreuses obtenues en ce lieu ». Puis, en 1402, le pape Boniface IX accorda une indulgence plénière aux pèlerins de Notre-Dame de Marienthal.
Deux statues de la Vierge Marie y étaient vénérées : Notre-Dame de Liesse ou de Joie, sous la forme d’une sculpture du XIVe siècle, la seconde, une Mater Dolorosa, Vierge des Douleurs ou Pietà, plus ancienne, puisque datée du XIIe siècle.
De nombreux miracles y furent relevés, des malades guéris, des possédés délivrés, des prisonniers libérés, tel ce commerçant de Seltz, dépouillé, ligoté et bâillonné par des bandits de grand chemin, libéré par la Vierge Marie qui lui apparut et le ramena aux portes de la ville.
Le sanctuaire subit les affres des guerres de religion et de la division du monde chrétien. Le dernier moine guillemite quitta le monastère en 1543, le cédant, en contrepartie d’une rente, à la ville d’Haguenau. Mais le sanctuaire reprit vie, moins d’un siècle plus tard, avec la venue des Pères de la Compagnie de Jésus, en 1617. Les pèlerinages connurent alors un développement remarquable.
La guerre de Trente ans causa un grand tort au sanctuaire, avant que les traités de Westphalie, marquant le rapprochement de l’Alsace et de la France, n’inaugurent une nouvelle ère de prospérité, de paix et de rayonnement du sanctuaire. Stanislas Leczinski, roi détrôné de Pologne, vint en 1720 se réfugier en Alsace avec sa famille et entretint une dévotion profonde envers Notre-Dame de Marienthal.
Après les drames, exactions, destructions de la révolution, mais aussi le courage de la population qui s’opposa à la destruction du sanctuaire, la dévotion populaire envers Notre-Dame de Marienthal ne cessa de croître. Pour le six centième anniversaire de la fondation du pèlerinage, en 1825, eut lieu, le 8 septembre, une célébration solennelle, en présence d’une foule considérable.
En 1859, le couronnement de Notre-Dame des Douleurs se déroula en présence d’une foule fervente, sous la présidence du cardinal Mathieu, archevêque de Besançon, représentant le pape Pie IX, de l’archevêque de Bourges, des évêques de Nancy, Metz, et Spire. 
En 1863, débutèrent les travaux de construction de la nouvelle église, de style néogothique. Trois ans plus tard, elle fut inaugurée par le cardinal Mathieu, archevêque de Besançon.
Un second couronnement eut lieu le 25 septembre 1871, en des temps douloureux, celui de l’autre statue, celle de Notre-Dame de Liesse, de sorte que Marienthal est, semble-t-il, le seul sanctuaire à posséder deux statues couronnées par décision du pape.
En 1892, la nouvelle église fut érigée en basilique mineure, sur décision du pape Léon XI.

Le 5 mai 2013, le Cardinal DZIWISZ, archevêque de Cracovie, ancien secrétaire de saint Jean Paul II, a offert au pèlerinage de Marienthal une relique de saint Jean Paul II pour honorer la Mère de Dieu et favoriser la vénération du défunt pape.