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La mission de Claire

Elle est invitée par Jésus à regrouper autour d’elle une petite communauté de cinq compagnes dont le but, tout d’abord, est de réparer le refus du Sacré-Cœur sur le drapeau français. C’est ainsi que les « petites sœurs » feront de leur vie une expiation volontaire et nécessaire envers le Sacré-Cœur de Jésus, pour l’Eglise et pour la France. C’est à Noël 1917 que nos premières petites sœurs arrivent à Loublande, conduites par la Providence. A l’église paroissiale, elles seront accueillies par le Curé Audebert qui recevra leur offrande à l’autel du Sacré-Cœur. 

La petite communauté s’organise alors autour d’une Mère qui sait les diriger. Une règle est déjà là. Le 12 juin 1918 sera cet heureux jour de la bénédiction de leur petite chapelle par Mgr Humbrecht, évêque de Poitiers, qui y célèbre la première messe et y dépose le Saint-Sacrement ; il y restera jusqu’à ce jour. En juillet 1918, cinq nouvelles compagnes arrivent joyeusement. A cette époque, de nombreux pèlerins viennent prier pour recommander les soldats et demander la fin de la guerre. Hélas, le 1er septembre 1918, c’est l’arrêt des manifestations demandées par les autorités religieuses. Mais à travers toutes ces épreuves, les petites sœurs se resserrent autour de leur Mère dans l’obéissance totale et la fidélité à l’Eglise. Tout est offert au Bon Dieu tandis que la vie de la communauté se poursuit dans l’observance du règlement. La règle est stricte et proportionnée selon les capacités et la santé de chacune. 

Souvent sollicitée à se rendre au parloir, notre Mère n’y allait que si Jésus le lui permettait, soumise qu’elle était continuellement au Divin Maître par son obéissance de Victime Expiatrice. Il nous arrivait de rester plusieurs jours sans la voir car elle était souvent absorbée par de grandes souffrances ou de graves soucis qu’elle recommandait à nos prières et à nos sacrifices. Elle ne se plaignait jamais de ses douleurs mais demandait seulement de lui obtenir la force de tenir sous sa Croix volontaire. Son état de souffrance ne l’empêchait pas non plus de nous donner des moments de récréation, autant qu’elle nous aimait dans le recueillement. Elle était elle-même enjouée et n’aimait pas nous voir tristes. On voyait bien qu’elle paraissait oublier ses souffrances afin d’animer elle-même pour nous ces moments agréables. 

A partir de ces années d’épreuves (les décès des premières sœurs), il nous fallut prendre nos responsabilités pour seconder au plus près les petites sœurs invalides qui peu à peu s’en allèrent elles aussi vers le Bon Dieu, toutes dans une sérénité édifiante, montrant ainsi leur fidèle attachement à cette Œuvre pour laquelle elles avaient tout donné. Tout cela nous a réconforté, nous aussi, dans notre vocation d’Expiatrices.

Mais le plus pénible fut de voir partir notre chère Mère Claire, ce 29 janvier 1972. Nous nous sommes sentis alors comme orphelines, bien que restaient encore dix petites sœurs aînées, plus ou moins valides. Notre chère Mère comptait sur ses quatre jeunes sœurs pour assister nos aînées et garder le patrimoine de l’Œuvre dans tous ses aspects en attendant les décisions de la Sainte Eglise : « Vous aurez à rendre témoignage ». 

Ce qui est réconfortant, c’est de constater la venue régulière de tant de pèlerins, arrivant souvent de très loin, comme guidés jusqu’ici, sans rien connaître de ce qui s’est passé et qui comprennent, par une grâce toute spéciale, l’importance de cette Œuvre.