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Le marillais

La Vierge Marie a honoré la France par de nombreuses visites célestes depuis les premières années de son histoire. C’est comme une relation privilégiée entre le Ciel et cette nation. C’est pourquoi, dans le contexte actuel, nous avons souhaité vous parler de cet événement dans ce lieu, peut-être méconnu, et pourtant à l’origine de la grande fête mariale du 8 septembre de la nativité de la Vierge Marie, fêtée dans le monde entier. Dans les situations difficiles, le ciel s’ouvre pour nous aider. A de nombreuses reprises, le peuple français l’a expérimenté ; nous pouvons évoquer Pontmain, cité précédemment, ainsi que Marie à Lourdes qui vient confirmer à Bernadette la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, en 1854 par Pie IX.

Au IVe siècle, dans le contexte grave de l’arianisme, qui réfute l’humanité et la divinité du Christ, saint Hilaire s’oppose vivement à ce courant de pensée théologique. Il est alors exilé en Phrygie. Il écrira de nombreux livres dont La Trinité. Revenu en France, à Poitiers, il continue son combat contre l’arianisme. Saint Martin de Tours le rejoint dans les années 356, se mettant à son école. En 360, Martin fonde l’abbaye de Ligugé, à proximité de Poitiers. Hilaire fut probablement à l’origine de la construction à Poitiers du baptistère Saint-Jean, l’un des plus vieux bâtiments chrétiens actuellement subsistants en France.

C’est là que les Tourangeaux vinrent le chercher pour en faire leur évêque. Près de Tours, à Marmoutier, il rassembla à nouveau des dizaines et des dizaines de moines, dont beaucoup devinrent fondateurs, eux aussi, de nouvelles abbayes et, autour d’elles, de nouvelles communautés chrétiennes. C’est ainsi que Florent, l’un de ces disciples, vint fonder le monastère du Mont-Glonne, au bord de la Loire, à quarante kilomètres entre Angers et Nantes, tandis que Maurille, lui, se fixait également au bord de la Loire, mais plus près d’Angers, à Chalonnes. Il n’y resta que quelques années car, en 423, les chrétiens d’Angers vinrent arracher Maurille à sa solitude, et le supplièrent de devenir leur évêque.

L’événement fondateur

Selon une très ancienne tradition, cet événement eut lieu en l’an 430 : un an avant le concile d’Ephèse.

Au lieu-dit « la Croix du Pichon, » au confluent de l’Evre et de la Loire, la Vierge Marie est apparue à Maurille, qui était venu rendre visite à ses frères, les moines du Mont-Glonne, et descendu au pied du coteau pour y prier dans la solitude.

Voici comment les chroniques rapportent ce fait : « Maurille, évêque d’Angers, était en ce lieu, quand il se vit tout à coup environné d’une lumière céleste. C’était la Très Sainte Vierge, tenant en ses bras son divin Enfant, qui daignait lui apparaître, dans un peuplier. Elle dit à son dévot serviteur que la volonté de Dieu et le bon plaisir de son divin Fils étaient qu’il établît en son diocèse une fête solennelle du jour de sa sainte naissance, le 8 de septembre. C’est en Anjou que cette fête a commencé à être célébrée... »

Depuis environ quinze siècles et pratiquement sans interruption malgré bien des événements contraires, la Vierge Marie est vénérée en ce lieu.

Le concile d’Éphèse - 431

C’est le troisième concile œcuménique de l’Église chrétienne, qui s’est tenu à Éphèse (aujourd’hui en Turquie). Cette assemblée était présidée par Théodose II, empereur d’Orient, et Valentinien III, empereur romain, pour résoudre la controverse suscitée par la doctrine hérétique du nestorianisme.

Nestorius , né à Germanica Cesare (aujourd’hui Kahramanmaras en Turquie) vers 380, patriarche de Constantinople, a refusé de reconnaître le titre de « Mère de Dieu » à Marie, Mère de Jésus-Christ.

Les néstoriens insistent sur la double nature du Christ, humaine et divine et envisagent le Christ comme deux personnes réellement séparées, l’une divine et l’autre humaine, qui agissent en accord l’une avec l’autre. Ils considèrent Marie comme la mère de l’homme Jésus et non du Fils de Dieu.

Cette doctrine s’oppose à la doctrine de l’Eglise, qui affirme que le Christ est une seule et même personne, à la fois Dieu et homme.

Sous la direction de saint Cyrille, patriarche d’Alexandrie, le concile démet Nestorius de ses fonctions et condamne sa doctrine. Il déclare que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, qui a deux natures (l’une humaine et l’autre divine) réunies en une seule personne. Par extension, le concile approuve le titre de « Mère de Dieu » (en grec theotokos, « qui porte un Dieu » accordé à Marie).

Depuis cette apparition de la Vierge Marie à saint Morille, la fête de la naissance de la Vierge Marie se développe et elle est fêtée le 8 septembre de chaque année.

Le sanctuaire de Notre-Dame du Marillais
Histoire et événements au cours des siècles

Charlemagne ? Que serait-il venu faire ici ? Dans ses combats face aux Armoricains, il attribua une victoire à Notre-Dame du Marillais. Reconnaissant, il agrandit le sanctuaire et fit don d’une cloche d’or de plus de cent livres. Mais c’est surtout son fils, Louis le Pieux, roi des Francs de 814 à 840 qui s’intéressa amoureusement à l’abbaye du Mont-Glonne et au sanctuaire de Notre-Dame, à tel point qu’il fut considéré comme l’un de ses plus éminent bienfaiteurs.

Entre 850 et 860, les Normands ou Vikings incendièrent le sanctuaire. Les moines s’exilèrent pendant 70 ans. Petit-à-petit, les moines revinrent et développèrent le sanctuaire jusqu’en 1700, ce fût une sorte d’age d’or, on y venait de très loin pour vénérer la Vierge Marie.

Pendant la période révolutionnaire (1793) il y eut de véritables carnages autour du sanctuaire de Notre-Dame. Le 1er mai de cette même année, le général Tuncq, chef Bleu du District, écrivait au général Menou, d’Angers : « J’ai passé la Loire avec mes hommes, et nous avons chassé le poste des brigands du Mont-Glonne. Je suis descendu au Marillais. L’église est renommée. Il y avait là une Vierge qui faisait des siennes. Je l’ai prise et mise en terre... »

Plus de deux mille personnes furent fusillées au Marillais.

Le renouveau

Le sanctuaire se développa lentement, tout au long du XIXe siècle. Les curés de la paroisse, successivement, restaurèrent tant bien que mal l’antique chapelle blessée.

En 1870, arrive à Angers un nouvel évêque, personnalité hors du commun. C’est Mgr Charles-Emile Freppel. Très vite, il conçoit le projet de rendre leur lustre d’antan aux sanctuaires d’Anjou où apparut la Vierge Marie. Au Marillais, le 15 sept.1873, il rassemble une foule de 50 000 personnes, et leur adresse une homélie demeurée célèbre, dont voici un passage :

Quelques années après ce rassemblement mémorable, Mgr Freppel faisait appel aux Pères de Saint-Laurent-sur-Sèvre, pour assurer l’animation spirituelle du Sanctuaire, et ceux-ci y furent installés par lui le 16 juillet 1878.

La nouvelle église ne sera terminée qu’en 1913, et la guerre 1914-1918 en retardera encore la consécration, qui ne pourra avoir lieu que le 7 octobre 1920. Le 8 septembre 1931, en la Fête de la Nativité de Marie, au nom du Pape Pie XI, Monseigneur Rumeau, Evêque d’Angers, couronnera solennellement la statue de Notre-Dame du Marillais, au milieu d’un rassemblement de quarante mille pèlerins.

Les Fêtes Mariales, cela va de soi, y sont grandiosement célébrées : par exemple le 8 décembre, le 15 août, et surtout le grand pèlerinage annuel de la Nativité de Marie, le 8 septembre et le dimanche qui en est le plus proche.

Saint Louis-Marie de Montfort :

« C’est par Marie que Jésus-Christ est venu au monde, et c’est aussi par elle qu’il doit régner dans le monde. » Les Pères du sanctuaire estiment que c’est aussi le message même de ce lieu, où Marie a voulu être honorée comme l’ultime maillon d’une longue histoire d’amour de Dieu avec son peuple: une histoire d’amour qui a pour nom l’Incarnation.

Guillaume Sorin, avec la participation de Lydia, animatrice. Remerciements au Père Ronel du sanctuaire de Notre-Dame du Marillais.
Renseignements : Pères Chapelains Notre-Dame du Marillais - 49410 Saint-Florent-le-Vieil - Tél. 02 41 72 50 30