Importance de la consécration au Sacré-Coeur de Jésus : L’exemple de la ville de Marseille
En 1720, Marseille se prévaut d'une organisation sanitaire sûre. Seule la conduite des affaires l'intéresse. La ville est un grand centre d'affaires et de banques. Elle est riche. Toutefois, du point de vue spirituel, il y a carence. Sans doute la ville est-elle catholique, mais beaucoup plus par routine que par conviction.
En ce mois de mai 1720, Marseille ne pense pas à la peste. Pourtant la mort vient d'entrer aux lazarets, l'endroit où les navires font la quarantaine. La première victime meurt le 20 juin. Les deuxième et troisième, les 28 et 29 juin. Puis rue après rue, la contagion saisit toute la vieille ville. Des familles entières disparaissent. Aucun quartier, aucun îlot, aucune rue n'est épargnée. Les cadavres pourrissent dans les rues plusieurs jours de suite.
Au plus fort de l'épidémie qui emporta 50 000 personnes en cinq mois, il y eut jusqu'à 1 000 morts par jour pour une ville de 100 000 habitants, ce qui ramené à la population d'aujourd'hui équivaudrait à près de 10 000 morts par jour !
C'est à ce moment que l'évêque de Marseille, Monseigneur de Belzunce, pensa qu'il n'y avait pas d'autre parti à prendre que de crier miséricorde au Seigneur. C'est ce qu'il fit en consacrant, en grande pompe, la ville au Sacré-Cœur.
Le 22 octobre, il publie une ordonnance dans laquelle il convie le peuple marseillais à une grande procession. La réponse ne se fait pas attendre, car, à partir de cette date, l'épidémie commence à reculer.
Le 1er novembre, il organise une procession expiatoire, suivie d'une consécration générale. À 10 h du matin, Monseigneur de Belzunce sort, suivi des survivants de son clergé, pieds nus, une corde au cou, une croix entre les bras, jusqu'au cours qui coupe la Canebière. Tous les habitants font cortège, les malades se traînent, ce qui n'est pas du goût des autorités civiles qui redoutent les conséquences de cette procession. L'évêque prononce une allocution, puis fait amende honorable, et consacre Marseille et son diocèse au Sacré-Cœur.
Depuis cette date, l'épidémie déclina et en janvier 1721, tout danger était écarté. Certains prétendirent qu'en fait, seul le changement de climat et le froid qui survint à ce moment-là avait permis son arrêt. En effet, le jour de la consécration, un vent froid souffla sur la ville, mettant fin aux lourdes chaleurs. Mais la consécration avait été précédée d'une procession, donc d'une foule immense rassemblée. Rien ne pouvait être meilleur pour propager l'épidémie. Or ce fut le contraire qui arriva.
Une plaque fixée sur la croix du parvis de Notre-Dame de la Garde commémore cet événement. L'évêque de Toulon soutint Monseigneur de Belzunce dans son action. Une plaque commémore également ce fait dans la cathédrale de Toulon.
Mais la peste réapparut en 1722. Monseigneur de Belzunce, qui n'avait pas oublié qu'à la procession expiatoire de 1720, les échevins brillaient par leur absence, leur écrivit alors :
"Les précautions, Messieurs, que Monsieur le Gouverneur et vous, prenez pour arrêter le progrès de ce qui cause nos justes alarmes, sont dignes du zèle et de la sagesse des véritables pères de la Patrie.
Mais, vous le savez, Messieurs, vos soins, vos peines et vos travaux deviennent inutiles, si Dieu lui-même ne daigne les bénir. Je viens donc vous exhorter aujourd'hui à commencer par un acte de religion qui soit capable de désarmer le bras vengeur qui paraît s'élever de nouveau contre nous ..."
Et les échevins qui avaient refusé de participer à cette consécration en 1720, firent le "vœu ferme, stable et irrévocable ... par lequel nous nous engageons, nous et nos successeurs, à perpétuité de consacrer la commune au Cœur de Jésus et de renouveler cette consécration chaque année" et d'offrir un cierge de quatre livres qui brûlera tout le jour devant le saint sacrement. Et la peste disparut et ne réapparut jamais alors qu'entre 1722 et 1845, on dénombre 22 reprises aux Lazarets.
Le vœu fut tenu jusqu'en 1792 puis repris en 1807. Lorsqu'en 1871 la municipalité refusa de nouveau d'accomplir le vœu, une "commission du vœu" fut créée, puissamment secondée par la chambre de commerce.
Et aujourd'hui encore, une grande cérémonie a lieu chaque année, le jour de la fête du Sacré-Cœur, dans l'église du Sacré-Cœur, en présence du maire et des notables de la ville : préfet de police, attachés militaires, président du Tribunal de Commerce, députés. Monsieur Gaston Deferre, pourtant issu d'une famille protestante, ne manqua la cérémonie qu'une seule fois pendant les 33 ans où il fut maire (de 1953 à 1986). Et chaque année depuis 1871, le président de la Chambre de Commerce apporte un cierge de quatre livres pour honorer le Sacré-Cœur.
Cap Fatima - Lettre de liaison n° 105
Prière au Sacré Cœur de Jésus (sainte Marguerite-Marie Alacoque 1647-1690)
Je donne et consacre
au Sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
ma personne et ma vie,
mes actions, peines et souffrances,
pour ne plus me servir d'aucune partie de mon être
que pour l'aimer, honorer et glorifier.
C'est ici ma volonté irrévocable que d'être tout à lui
et de faire tout pour son amour,
en renonçant de tout mon cœur
à tout ce qui pourrait lui déplaire.
Je vous prends donc, ô Sacré-Cœur,
pour l'unique objet de mon amour,
le protecteur de ma vie,
l'assurance de mon salut,
le remède à mon inconstance,
le réparateur de tous les défauts de ma vie
et mon asile à l'heure de ma mort.
Soyez donc, ô Cœur de bonté,
ma justification envers Dieu le Père
et détournez de moi les traits de sa juste colère.
O Cœur d'amour, je mets toute ma confiance en vous,
car je crains tout de ma faiblesse,
mais j'espère tout de vos bontés.
Consumez donc en moi
tout ce qui vous peut déplaire ou résister,
et que votre pur amour s'imprime si avant dans mon cœur
que jamais je ne puisse vous oublier, ni être séparée de vous.
Je vous conjure, par toutes vos bontés,
que mon nom soit écrit en vous,
puisque je veux faire consister tout mon bonheur
à vivre et à mourir en qualité de votre esclave. Amen.
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