Sanctuaire Pise

Pise est une ville italienne d'environ 89 620 habitants, chef-lieu de la province de même nom en Toscane. Elle est célèbre dans le monde principalement pour sa tour penchée. Elle est traversée par le fleuve Arno et située sur la via Aurelia.

Les origines de Pise sont mal connues. La cité était située à la confluence de l'Arno et de l'Auser (maintenant disparu). Des vestiges archéologiques, datant du ve siècle av. J.-C. attestent la présence d'une ville le long de la mer ligure, qui faisait du commerce avec les Gaulois et les Grecs. Une nécropole étrusque a été découverte en 1991.

Les auteurs de la Rome antique parlent aussi de Pise comme étant une ancienne cité.  Virgile, dans son Énéide, il écrit que Pise était déjà, à l'époque, un centre important.

Le rôle maritime de Pise doit avoir été considérable, puisque les autorités de l'antiquité attribuaient à Pise l'invention des rostres. La ville devait bénéficier de l'absence de port sur la côte ligure, entre Gênes, alors une bourgade, et Ostie, le port de Rome. Pise servait de base navale, d'où partaient les flottes qui devaient combattre les Ligures, les Gaulois ou les Carthaginois.

L'empereur Auguste fortifia la colonie et en fit un port important, À partir de 313, la présence d'un évêque à Pise est attestée.

Durant les derniers siècles de l'Empire romain, Pise ne connaît pas le déclin des autres villes d'Italie, grâce à sa position le long de cours d'eau et à ses possibilités défensives. Au viie siècle, Pise aide le pape Grégoire Ier en lui fournissant de nombreux vaisseaux dans sa lutte contre les Byzantins de Ravenne.

Du point de vue naval, la pression exercée par les pirates sarrasins à partir du ixe siècle force la ville à se doter d'une importante flotte, qui va servir l'expansion de la cité. En 808, les Pisans attaquent la côte d'Afrique du Nord. En 871, ils participent à la défense de Salerne contre les Sarrasins. En 970, ils apportent leur appui à Othon Ier pour vaincre

La puissance maritime de Pise s'accroît et atteint son apogée au xie siècle, période dont date la réputation d'être l'une des quatre républiques maritimes d'Italie. À la même époque, Pise devient un centre commercial primordial et contrôle une grande partie de la marine marchande et de guerre de la Méditerranée. Elle lutte aussi continuellement contre les pirates sarrasins, qui ont leurs bases en Corse et en Sardaigne. En 1017, avec l'aide de Gênes, la cité capture la Sardaigne, ce qui lui donne le contrôle de la mer Tyrrhénienne, d'autant plus que les Pisans chassent rapidement les Génois deSardaigne En 1060, Pise bat Gênes et consolide ainsi sa suprématie en Méditerranée.

Cette expansion en Méditerranée permet à Pise de rayonner diplomatiquement et de se voir reconnaître l'autonomie politique. En effet, en 1077, le pape Grégoire VII reconnaît les « Lois et coutumes de la mer » créées par les Pisans. Plus important encore, l'empereur Henri IV avalise l'indépendance politique de la ville en l'autorisant en 1081 à nommer ses propres consuls et un conseil des anciens, puisque, de toute façon, le marquis avait perdu toute prérogative politique.

La puissance maritime de Pise est alors telle que les souverains d'Europe font appel à elle.

Pise et les autres républiques maritimes tirent partie de la croisade en se constituant un réseau de postes commerciaux le long des côtes syriennes, libanaises, et palestiniennes. Les Pisans fondent en particulier des colonies de marchands à Antioche, Acre, Jaffa, Tripoli, Tyr, ou Lattaquié.

Du fait de sa puissance économique et navale, Pise est sollicitée en 1113 quand le pape Pascal III décide de mener une expédition contre les Maures des îles Baléares. Pise s'affirme comme une force majeure de la Méditerranée occidentale.

Ce succès de Pise en Espagne accentue la rivalité de la cité avec Gênes. Ceci se double d'une rivalité commerciale, puisque le grand commerce de Pise, avec le Languedoc, la Provence, Savone, Fréjus et Montpellier gène les intérêts commerciaux de sa rivale

La guerre éclate en 1119 quand les Génois attaquent des galères de retour à Pise et dure jusqu'à 1133.

Dans les années qui suivent, Pise est l'un des piliers du parti gibelin, pour la plus grande joie de FrédéricIer, qui accorde ainsi deux actes importants, pour commercer librement avec l'empire entier

Pour contrer la prééminence génoise dans le sud de la mer Tyrrhénienne, Pise renforce ses relations commerciales avec ses alliés traditionnels en Espagne et en France (Marseille, Narbonne, Barcelone,...) et s'immisce dans les affaires dans la mer Adriatique, chasse gardée de Venise. En 1180, les deux cités avaient conclu un pacte de non-agression. À partir de ce moment, les deux cités furent alliées contre la montée en puissance de Gênes et collaborèrent parfois pour augmenter les bénéfices commerciaux réalisés à Constantinople.

L'apogée de Pise se marque par l'évolution démographique de la ville. Pise compte en 1228 environ 15 000 habitants. La bataille de la Meloria en 1284 permet aux troupes de la République de Gênes de faire prisonniers 9 000 pisans. Ce chiffre permet d'estimer la population de la ville à cette époque à environ 40 000 personnes. Cette bataille perdue marque le coup d'arrêt de l'expansion démographique pisane.

Pise tire au Moyen Âge l'essentiel de ses ressources du commerce maritime. La ville contrôle également les mines de fer et d'argent de l'île d'Elbe et de Sardaigne. De ce fait, Pise parvient à se constituer très tôt une importante flotte de guerre. Mais le xiiie siècle constitue un changement majeur dans les sources de financement de la commune. Le commerce maritime décroît au profit de Venise et de Gênes. Se développe néanmoins une industrie textile, mais elle ne parviendra jamais à concurrencer celle de Florence. Cette phase de déclin économique marque également un déclin politique et culturel. Les grands édifices de Pise datent des xie siècle et xiie siècle.

La naissance du Popolo à Pise est tardive. En effet, les secteurs que l'on pourrait qualifier d'industriels, comme le textile, n'y apparaissent que tardivement. D'autre part, le commerce maritime favorise le maintien au pouvoir de l'aristocratie (il faut des fonds importants pour armer un navire). C'est donc seulement en 1222 que le Popolo apparait pour la première fois dans les sources pisanes. En 1237 sont mentionnés les statuts du Popolo et des Anciens. Enfin, c'est pour l'année 1248 qu'est attesté la présence d'un capitaine du peuple à la tête de la commune, à côté du podestat. Il dirige la ville aussi bien sur le plan civil que sur le plan militaire.

Le Popolo est organisé de façon classique, à la fois sur une base territoriale et sur une base professionnelle (les Arts). Ceux-ci apparaissent en effet en 1235-7 et sont au nombre de sept. Les plus importants en termes numériques sont ceux du fer (lié à l'île d'Elbe), du cuir (importé de mer Noire, transformé et revendu) et de la laine (la transformation de la laine). Mais les plus riches citoyens de Pise font partie des Arts majeurs qui sont appelés ordres. Il s'agit de l'ordre des marchands, de l'ordre des consuls de la mer (les armateurs) et de l'ordre des entrepreneurs dans le secteur de la laine.

Mais ceci ne met pas un terme à la rivalité entre les deux familles dominantes, les Della Gherardesca et les Visconti. En 1237, l'archêveque et l'empereur Frédéric II tentent de les réconcilier sans succès.

Le déclin de Pise est brusque et retentissant puisque l'apogée de la ville se clôt le 6 août 1284 lors de la bataille de la Meloria.

Cette défaite met fin à la puissance maritime pisane : la flotte est détruite, plus de dix mille marins pisans sont prisonniers et la Sardaigne est perdue. Les pertes humaines devaient à l'avenir empêcher Pise de retrouver son rang en Méditerranée. Le commerce continua mais dans des proportions moindres. Le coup de grâce fut porté par le changement de course de l'Arno qui empêcha les navires d'atteindre le port de la ville en remontant le fleuve. Il semble aussi que la zone environnante ait été infestée par la malaria.

Toujours gibeline, Pise tente donc de se redresser au xive siècle et parvient même à battre Florence en 1315 à la bataille de Montecatini. Mais les luttes internes et la perte de sa puissance commerciale font que Pise ne peut pas résister à Florence en1406. La ville tombe définitivement sous sa domination. Elle devient seulement une ville du contado florentin. En 1409, Pise accueille un concile pour régler la question du Grand Schisme d'Occident. Au cours du xve siècle, son accès à la mer se restreint encore à mesure que le port s'envase et est coupé de la mer.

Elle perd son rôle de port principal de la Toscane au profit de Livourne, ou se rassemble la colonie des juifs granas, mais devient un centre culturel secondaire grâce à la présence de l'Université de Pise, créée en 1343. Une preuve flagrante de ce déclin peut être donnée par la démographie, puisque la population de Pise est restée pratiquement constante depuis le Moyen Âge.

Pise est le lieu de naissance de Galilée. Elle abrite toujours un évêché. Elle est devenue un centre industriel et un nœud ferroviaire important. Elle a souffert de destructions pendant la Seconde Guerre mondiale.

La Prière de Pise de Frédéric Ozanam (1813-1853) « Je ne verrai plus le Seigneur mon Dieu sur la terre des vivants » : 

« J'ai dit : Au milieu de mes jours, j'irai aux portes de la mort. J'ai cherché le reste de mes années. J'ai dit : Je ne verrai plus le Seigneur mon Dieu sur la terre des vivants. Ma vie est emportée loin de moi, comme on replie la tente des pasteurs. Le fil que j'ourdissais encore est coupé comme sous les ciseaux du tisserand : entre le matin et le soir. Vous m'avez conduit à ma fin. Mes yeux se sont fatigués à force de s'élever au ciel. Seigneur, je souffre violence : répondez-moi. Mais que dirai-je et que me répondra Celui qui a fait mes douleurs ? Je repasserai devant Vous toutes mes années dans l'amertume de mon cœur. Amen. »