1. Ses peines extérieures
Les justes doivent avoir leur martyre, c’est le grand apôtre qui l’affirme : « Tous ceux, dit-il, qui veulent vivre dans la piété en union avec Jésus-Christ, souffriront la persécution. »
Saint Joseph a été, après Marie, le plus éprouvé de tous les saints. Contemplez-le dans les diverses situations de sa vie, à Nazareth, à Bethléem, en Egypte. Vous verrez que partout et toujours il a eu à supporter la pauvreté toute sa vie, les rigueurs des saisons, les longs et pénibles voyages, la persécution, un dur et cruel exil, les mépris, les insultes, l’injustice et l’ingratitude des hommes. Jésus, qui affectionnait tendrement son Père nourricier, le fit participer au calice de ses souffrances durant toute sa vie, pour l’associer au grand mystère de la Rédemption. Saint Joseph a donc été le premier confesseur et le premier martyr de Notre Seigneur Jésus Christ. Cependant, au milieu de toutes ces épreuves, quelle résignation, quelle patience inaltérable ! Jamais un mot de plainte, jamais une pensée de découragement.
La croix a toujours été et sera toujours l’étendard royal que suivent les élus. Courage donc, âme souffrante ! Jésus marche le premier. Marie et Joseph nous tendent la main, les saints nous pressent d’avancer, les anges écrivent nos blessures. Courage ! Quelque pas encore, quelques soupirs avec Madeleine, quelques actes d’amour avec saint Jean, quelques larmes amères en union avec Marie, quelques fiat avec Jésus mourant sur la croix, et le Ciel est à vous.
Joseph ! Obtenez-moi la grâce de semer comme vous dans les pleurs, pour qu’il me soit donné de moissonner un jour dans l’allégresse.
2. Ses peines intérieures
Les peines intérieures qu’essuya Joseph dans son esprit et dans son cœur furent encore plus déchirantes. D’abord, quelles terribles perplexités eut à souffrir son âme si pure et si sainte, au sujet du grand mystère qui s’était opéré en Marie ? et dont il ignorait la cause toute miraculeuse ! Quel combat douloureux formaient dans son esprit, d’un côté, la vue d’un spectacle le plus inattendu pour lui, de l’autre l’estime si grande qu’il avait pour sa chère Epouse, toujours vierge à ses yeux ! Mon Dieu ! Quelle épreuve ! Mais en voici une autre plus douloureuse encore et plus longue. Joseph savait par la lecture des Livres saints, et par la prophétie du vieillard Siméon, que Jésus, son fils adoptif, devait être mis à mort. Cette pensée cruelle était un glaive de douleur continuellement enfoncé dans son cœur, un martyre de tous les jours et de tous les instants, que tout renouvelait. Seul, son amour pouvait le supporter. Que de larmes, ce saint Patriarche a versées avec Marie au pied de la croix de Jésus, incessamment présente à son esprit et à ses yeux ! Souvent, il se sentait triste jusqu’à la mort. Il fallait que le divin Enfant laisse échapper de son cœur une vertu divine pour le soutenir et le fortifier. Pécheurs, que de tourments nos crimes ont coûtés à saint Joseph et à la céleste Vierge Marie !
Âme chrétienne, vous avez aussi des peines intérieures, peines secrètes mais déchirantes, que le monde ne voit pas, ne comprend pas, et qu’il est impuissant à soulager. Venez épancher votre cœur dans celui de votre saint patron, venez pleurer à ses pieds, il saura compatir à vos maux et sécher vos larmes, lui qui a passé par toutes les épreuves.
Exemple
Une jeune fille de quinze ans, entrait comme pensionnaire dans un couvent de la Visitation. Atteinte au pied d’un mal qui la faisait grandement souffrir, elle se vit obligée de garder la chambre et le lit. Les remèdes furent inutiles, le temps n’apportait aucune amélioration à son état. La pensée lui vint de faire une neuvaine en l’honneur de saint Joseph, afin d’obtenir sa guérison, ou du moins la patience et la résignation dont elle avait tant besoin. Chaque jour de la neuvaine, sa confiance croissait, mais son mal ne diminuait pas. Le dernier jour, elle fit la sainte communion sans ressentir autant sa douleur. Voilà qu’après l’action de grâce, elle n’éprouve plus aucun mal. Etonnée, ne songeant nullement à une guérison miraculeuse, elle regarde, palpe son pied : elle est guérie ! Ivre de joie, elle se jette à genoux, le visage baigné de larmes, et remercie son Bienfaiteur. Ne pouvant garder pour elle son bonheur, elle parcourt la maison en s’écriant : « saint Joseph m’a guérie ! »
A dater de cette époque, sa reconnaissance a toujours été croissante. Son saint protecteur s’est plu à l’entourer de sa paternelle affection : il lui a obtenu la grâce de la vocation religieuse. Il l’a conduite dans la Congrégation de Jésus et Marie. Destinée par ses supérieures aux missions étrangères, elle est partie pour les Indes orientales à Agra, où elle travailla à gagner des âmes à Dieu et à propager le culte de saint Joseph. Elle est un modèle de piété et de dévouement, un modèle de dévotion à la Sainte Famille de Nazareth.
Prière : Vous souffrez, Joseph ! Vous qui vivez dans l’innocence, et moi, si souvent infidèle, je ne voudrais rien souffrir. Vous souffrez, mais avec paix et soumission, et moi je m’impatiente à la moindre épreuve. Modèle admirable de résignation ! Obtenez-moi, je vous prie la grâce de supporter patiemment tout ce qui est pour moi un sujet d’ennui, de peine et de fatigue. Ainsi soit-il.
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