1. Il travaillait pour Jésus et Marie
Dépourvu de toute grandeur et de toute fortune, obligé de pourvoir à la subsistance de la Sainte Famille dont il était le Chef, Joseph se livrait à un travail pénible et continuel : il était charpentier. Ses concitoyens l’appelaient Joseph l’artisan. On montrait, dans les premiers temps du christianisme, des jougs et des charrues qu’il avait façonnés de ses mains. Voilà donc ce que faisait notre saint Patriarche, lui, ce rejeton du plus pur sang des rois de Juda. Ce fils de David passait sa vie, la scie et le marteau à la main, travaillant depuis les premières lueurs du jour, jusqu’aux plus épaisses ténèbres de la nuit, pour le service du Verbe incarné et pour la reine du Ciel : oui, le voilà tel que j’aime le voir. Cette mission paraît humble aux yeux des hommes, mais qu’elle est grande aux yeux de Dieu. Combien les anges eux-mêmes auraient voulu en être chargés ! Les hommes ne jugent que par ce qu’ils voient, mais Dieu regarde le cœur. Si le travail était vulgaire, quels incomparables mérites n’acquérait pas l’ouvrier ! O Sauveur Jésus ! Bienheureuses les mains qui vous ont nourri, vous et votre sainte Mère, pendant si longtemps et au prix d’un travail si pénible et si long !
Travailleurs de toutes sortes, qui êtes et serez toujours, malgré de menteuses promesses, les plus nombreux de ce monde, ouvriers et ouvrières les plus humbles, n’oubliez jamais Nazareth. Vous ne douterez pas que le travail, si obscur qu’il soit, honore celui qui s’y soumet, qu’il fait toujours la gloire de l’homme et de la famille ! Depuis que Jésus et Joseph ont dû vivre du fruit de leurs sueurs, aucune condition n’est préférable, à celle de l’artisan chrétien. Saint Paul nous dit : « Souvenez-vous mes frères, de mes travaux et de mes sueurs, jour et nuit, j’ai travaillé au milieu de vous. Tout ce qui m’était nécessaire, à moi et à ceux qui étaient avec moi, je l’ai acquis par le travail de mes mains. »
2. Il travaillait avec Jésus et Marie
Dans son pauvre atelier, Joseph élève un Apprenti docile qui, durcissant lui aussi ses tendres mains contre le fer et le bois, honore l’état de charpentier. L’Enfant-Jésus était l’Apprenti du saint Patriarche. Il l’aidait de plus en plus, à mesure qu’il avançait en âge. Figurons-nous quel amour brûlait dans le cœur de Joseph lorsqu’il voyait son divin maître le servir comme simple ouvrier, tantôt ouvrir et fermer l’atelier, tantôt l’aider à scier le bois, manier la hache et le rabot. En un mot, le seconder en toutes choses. Heureuses les sueurs du Père qui furent mêlées aux sueurs du Fils !
Et Marie, que fait-elle ? Comme la femme forte dont parle l’Ecriture, elle partage son temps entre les soins du ménage et les travaux manuels. C’est elle qui prépare la nourriture de Jésus et de Joseph. Elle prend soin de leurs modestes vêtements. En face d’un pareil exemple, comment notre saint aurait-il pu se plaindre de la rigueur du travail ? Dans la compagnie intime de Jésus et de Marie travaillant avec lui ; comment aurait-il pu ne pas imprimer à chacun de ses actes le cachet de la perfection ?
O Joseph ! Quand vous regardiez Jésus, Jésus vous souriait, et vos bras reprenaient un vigueur nouvelle.
Âme chrétienne, travaillons aussi avec Jésus. Tout pour lui, en lui et avec lui. Souvenons-nous bien que si notre travail ne tend pas vers Dieu par une intention pure et droite, il sera stérile pour l’éternité. Nous aurons semé et nous ne moissonnerons pas. Mais si, au contraire, nous travaillons comme Joseph, sous le regard de Jésus et de Marie, notre travail n’aura pour nous ni ennui, ni fatigue. Chacune de nos sueurs ajoutera un fleuron à notre couronne dans le ciel.
Exemple
Dès son enfance, le curé d’Ars, Jean Marie Vianney, se fit remarquer par ses dispositions à la vertu et à la sainteté. On peut dire que l’amour de Jésus et de Marie était inné en lui. Sa première communion faite avec les sentiments de piété la plus tendre, ses parents l’employèrent aux pénibles travaux de l’agriculture. Loin de se plaindre de sa dure condition, le jeune Vianney regardait les peines de son état comme très agréables à Dieu. Il cherchait à se sanctifier même dans les actions les plus ordinaires de la vie. Pour prendre patience et s’animer dans son dur labeur, il plaçait, à dix pas devant lui, une petite statue de la Sainte Vierge tenant en ses mains l’Enfant-Jésus. Son ardeur dans le travail s’enflammait à la vue de la reine du Ciel, l’ouvrière de Nazareth, à la vue du divin Enfant, le fils de l’artisan. De temps en temps, il les fixait tendrement, avec une amoureuse con-fiance, avec un regard de prédestiné. On l’entendait soupirer en essuyant ses sueurs : « Tout pour Jésus et Marie ! » Quand il était arrivé près de sa petite statue, il se prosternait devant elle, adressait au Sauveur et à la Vierge une prière fervente, puis, après un léger repos pris sous leurs yeux, il transportait plus loin sa chère image, reprenait son travail avec une nouvelle ardeur, et le continuait jusqu’à la fin de la journée, toujours sous les regards et sous les ordres de Jésus et de Marie. Comme ce travail devait être agréable à Dieu ! Quelles journées pleines pour le ciel ! Comme ce pieux agriculteur des Dombes nous rappelle bien saint Joseph travaillant à Nazareth avec Jésus et Marie ! Faut-il s’étonner si le curé d’Ars est devenu le modèle des prêtres et le thaumaturge du dix-neuvième siècle ! Instruisons-nous, âme chrétienne, apprenons à travailler en Dieu et pour Dieu.
Prière : Saint artisan de Nazareth ! Si petit aux yeux des hommes, mais si grand devant Dieu, obtenez-moi la grâce de sanctifier mon travail comme vous par l’esprit de foi, de piété et d’amour. Faites que chacune de mes actions, accomplie sous le regard de Dieu, me mérite un surcroît de grâces en ce monde et un degré de gloire de plus au ciel. Ainsi soit-il.
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