Le Porche du mystère de la deuxième vertu

Péguy chante les litanies de Notre-Dame. Il regarde hardiment les contrastes, en pensant à Marie

Contemporain de Paul Claudel, puisqu’il vécut de 1873 à 1914, Charles Péguy composa le Porche du mystère de la deuxième vertu en 1911.

Cela fait trois ans que Péguy est revenu à la foi en 1908. Mais, à la fin de l’été 1911, Charles Péguy tombe dans une terrible détresse qui s’aggrave quand Pierre, son dernier né, est atteint de la fièvre typhoïde, en 1912. Quinze jours d’angoisse. Alors, il s’engage par un vœu, à faire le pèlerinage de Chartres, si l’enfant guéri. Et comme il est exaucé, en juin, il fait 144 km en trois jours, pour rejoindre la cathédrale de Chartres et vénérer Notre-Dame.

Le 27 septembre 1913, il fera cette confidence à son ami : « Notre-Dame m’a sauvé du désespoir, c’était le plus grand danger. Je ne m’en suis sorti qu’e écrivant le « Porche du mystère de la deuxième vertu ».

Péguy a bien compris que l’espérance, la deuxième vertu théologale, est une grâce à demander, par l’intercession de celle qui est à la fois infiniment joyeuse et infiniment douloureuse. Marie est la première créature en qui ses sont vérifiées les Béatitudes qui comportent de merveilleux contrastes.

Il s’adresse aussi à Notre-Dame de Paris par cet extrait où il énumère les saints patrons de Paris sculptés aux portails de la cathédrale.

Voici le texte des litanies de Notre-Dame :

Mais il vient un jour, il vient une heure,
il vient un moment où saint Marcel et sainte Germaine,
Et saint Germain lui-même et notre grande amie
cette grande sainte Geneviève,
Et ce grand saint Pierre lui-même ne suffit plus

Il y a des jours où les Patrons et les saints ne suffisent pas


Et où il faut résolument faire ce qu’il faut faire…
…Et s’adresser directement à celle qui est au-dessus de tout…

A celle qui est infiniment belle,

Parce qu’aussi elle est infiniment bonne,
A celle qui intercède,
La seule qui puisse parler avec l’autorité d’une mère.
S’adresser hardiment à celle qui est infiniment pure,
Parce qu’aussi est-elle infiniment douce,
A celle qui est infiniment noble
Parce qu’aussi elle est infiniment courtoise …

A celle qui est infiniment riche,

Parce qu’elle est aussi infiniment pauvre,

A celle qui est infiniment haute,

Parce qu’elle est infiniment descendante,
A celle qui est infiniment jeune,
Parce qu’aussi elle est infiniment mère …

A celle qui est infiniment grande,
Parce qu’aussi elle est infiniment petite, infiniment humble …
A celle qui est infiniment droite,
Parce qu’aussi elle est infiniment penchée …
A celle qui est infiniment touchante,
parce qu’aussi elle est infiniment touchée …
A celle qui est infiniment joyeuse,
Parce qu’aussi elle est infiniment douloureuse,

A celle qui est toute grandeur, toute foi, toute charité

Parce qu’elle est aussi toute espérance.

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment.